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propre ; elles ne servent guère d’habitation que l’hiver presque tous les Khybéris habitent, pendant l’été, les montagnes, où ils logent sous la tente.

« Les Khybéris sont d’excellents tireurs. Bons soldats dans les montagnes, ils ne soutiennent pas cette réputation dans les pays de plaines. La nature leur a donné plus de goût pour la rapine que pour la guerre, et si les bagages de l’armée à laquelle ils appartiennent se trouvent sans défenseurs, ils font la main basse dessus sans scrupule. On peut les considérer comme les plus éhontés pillards de tout l’Afghanistan ; il y a lieu de croire que le sentiment de l’honneur leur est tout à fait étranger[1]. »

Le passage de Khyber a été plus d’une fois franchi par les troupes anglaises.

En 1839, c’est le colonel Wade qui enlève les passes en quelques jours et sans essuyer de pertes sérieuses. En 1842, c’est le général Pollock qui pénètre par ce chemin dans l’Afghanistan, à la tête d’une forte colonne expéditionnaire, va délivrer l’héroïque garnison assiégée dans Djellalabad, et tire une éclatante vengeance des massacres de Kood-Caboul.

En 1878, la division Browne, réunie devant Jamrood, traverse la frontière le 21 novembre, canonne le même jour le fort Ali-Mesdjid, qui est abandonné pendant la nuit même par sa garnison, arrive le 24 à Landikhana, et entre le 25 à Daka.

La grande barrière du Khyber ne présente donc plus un obstacle insurmontable pour des troupes aguerries, conduites par un chef expérimenté ; mais une fois cet obstacle franchi, la grande difficulté est d’entretenir des communications à travers les passes avec la base d’opération[2].

Si les tribus du Khyber restaient hostiles à une armée d’invasion, elles deviendraient en effet pour cette armée une cause d’embarras très-sérieux. Vivant dans le pays, connaissant tous les passages, toutes les retraites, habitués à tous les dangers, entreprenants et agiles, les belliqueux habitants de ces contrées ne manqueraient pas de harceler les convois et d’intercepter à chaque instant la route de Daka à Peschawar. Il est donc important pour l’Angleterre de

  1. M. Perrin, d’après Elphinstone.
  2. Les dernières nouvelles constatent encore la peine que le général Browne, actuellement à Daka, éprouve à maintenir ses communications avec Peschawar, et l’urgente nécessité de la création de colonnes mobiles considérables pour escorter les convois ou châtier les tribus insoumises.