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Burnes le traversa, ce voyageur mesura une largeur de 450 mètres et une profondeur de 6 mètres.

Le cours de l’Amou-Daria est très-rapide ; dans sa première partie, son canal est remarquablement droit, exempt de rochers et d’obstacles de quelque nature que ce soit ; mais lorsqu’il entre dans la région du Turkestan, son cours se ralentit un peu, des bancs de sable pointent çà et là et gênent souvent la navigation ; il arrive que pendant l’été des bateliers mettent au moins deux heures pour le traverser, obligés qu’ils sont à descendre plusieurs fois dans l’eau pour dégager leurs bacs engravés dans plusieurs bas-fonds.

Ce grand fleuve est navigable, dit Burnes, au moins jusqu’à Koundouz. Il est sujet à une crue périodique, de même que toutes les grandes rivières qui sortent du versant méridional du plateau de Pamir. Le débordement commence en mai et finit en octobre.

On ne supposerait guère, dit encore Burnes, qu’un si grand fleuve, sous une latitude aussi basse que celle de 38°, gelât en hiver ; c’est cependant ce qui arrive assez souvent à l’Oxus. La partie supérieure de son cours au-dessus de Koundouz est prise annuellement par les glaces ; les voyageurs et les bêtes de somme le traversent alors en allant à Yarkand. Il est vrai que là il coule dans une région haute ; toutefois, dans le désert il gèle aussi quand l’hiver est rigoureux. En 1831 les caravanes le passèrent sur la glace à Tchordjoui, à 110 kilomètres de Boukhara. On retrouve là la continuation des influences boréales qui sévissent dans les steppes kirghises, qu’aucun rideau de montagnes n’interrompt.

La longueur totale du parcours du fleuve Amou-Daria est d’environ 1,800 kilomètres ; son débouché est une question qui a fort exercé les explorateurs et les critiques autrefois, et qui aujourd’hui n’est pas encore élucidée.

Dans l’antiquité, l’Amou-Daria se jetait dans la mer Caspienne, et sur toute bonne carte du Touran on voit aujourd’hui la trace de l’ancien cours de ce fleuve au sud du plateau d’Usturt.

Par suite de bouleversements géologiques que nous n’avons pas à examiner ici et qui seraient survenus en 1643, l’Amou-Daria modifia son cours en prenant sa direction vers le nord, pour se jeter dans une excavation qu’il remplit aujourd’hui concurremment avec le Sir-Daria et qu’on appelle le lac d’Aral.

Ce changement d’itinéraire dans le cours du fleuve eut pour conséquence de transformer en un désert tout le pays compris entre la rive gauche de l’Amou-Daria, la rive droite du Murg-Ab, qui se perd maintenant dans les sables au-dessous de Merve, et la vallée de l’Atreck. Les pays touraniens se trouvèrent donc complétement isolés ; Khiva devint une oasis au milieu d’un désert