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étude historique

budget de ses recettes et de ses dépenses. Il nous apprend, en outre, que les Cisterciennes avaient des pensionnaires, des jeunes filles de famille qu’elles instruisaient et élevaient[1], et parmi celles-ci devait se trouver, sans doute, une demoiselle de Saint-Cyr, attendu que toutes les abbayes royales de femmes étaient tenues de recevoir gratuitement une élève de cette maison ou de se rédimer annuellement par une prestation en argent[2].

Élisabeth de La Salle, avant-dernière abbesse de La Vassin, encore vivante au moment de la Révolution, future administratrice habile, une gardienne vigilante des droits et des biens de son abbaye. Grâce à son énergique initiative, le patrimoine de la communauté s’accrut et récupéra ce qu’il avait perdu sous des abbesses moins soucieuses de la bonne gestion du temporel.

Les contestations qui s’étaient élevées à la fin du xviie siècle entre le curé de Crestes et le monastère se renouvelèrent sous l’abbatiat de madame de La Salle, en 1763.

Le curé, le sieur Faye, soutenait que les religieuses étaient tenues de lui payer la dîme, à cause des héritages qu’elles possédaient dans l’étendue de sa paroisse. Les dames de La Vassin répondaient qu’en vertu des privilèges accordés à l’ordre de Cîteaux, elles étaient exemptes des dîmes, et que bien mieux c’étaient elles qui avaient droit de dîme à Crestes et à Régnat, à cause de la chapelle existant dans le domaine de Prady et constituant un prieuré.

  1. « N’inspirez jamais, écrivait madame Robert-Vialle de Riom-ès-Montagnes, à ses deux petites-filles religieuses à La Vassin, la vanité aux enfants dont le soin vous sera confié et souvenez-vous que l’orgueil est le péché le plus à craindre… » (Lettre du 5 février 1772. — Papiers Fonteille).
  2. On appelait abbayes royales celles dont les abbés ou abbesses étaient nommés par le roi depuis le Concordat de 1516 conclu entre Léon X et François Ier. L’abbaye de La Vassin devint ainsi royale, sans toutefois jamais tomber en commende. Un monastère était en commende quand il avait été donné par le pape à un ecclésiastique séculier ou à un laïque nommés par le roi. D’ordinaire, ces bénéficiers ne résidaient pas dans le convent dont ils percevaient la plus grande partie des revenus.