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étude historique

vit l’abbé de Rancé, ce moine sublime, digne de la laure des Pacôme ou de la grotte des Antoine, on vit l’abbé de Rancé inculquer aux Cisterciens de la Trappe les plus purs principes monastiques et leur communiquer la ferveur du premier Clairvaux.

Cependant, il faut le dire, tous les monastères de Cîteaux ne reçurent pas la réforme d’une manière aussi complète que la maison de la Trappe. Par un bref du 8 avril 1022, le pape Grégoire XV avait chargé le cardinal de la Rochefoucault de procéder à la révision des statuts de l’ordre, mais, dans l’exécution de son mandat, le cardinal trouva une vive résistance de la part de L’abbé de Cîteaux et du Chapitre général[1]. Il y eut dès lors entre les abbayes cisterciennes dites de la commune observance et celles qu’on appelait de l’étroite observance, une longue et pénible lutte qui se poursuivant avec des alternatives de victoires et de défaites des deux côtés, fut enfin, terminée en 1666 par le pape Alexandre VII qui promulgua de nouvelles constitutions révisées[2].

Presqu’entièrement conformes à la règle de Saint-Benoît, ces constitutions portaient spécialement sur l’organisation jntérieure, sur la vie intime des cloîtres ; elles ramenaient l’unité, la régularité d’existence, mais elles ne pouvaient donner un nouvel essor à l’ordre auquel elles étaient destinées : le Concordat de 1516, en privant les communautés religieuses du droit d’élire leurs supérieurs pour les forcer a recevoir un chef nommé par le roi, avait enlevé à Cîteaux, comme à tous les autres ordres monastiques, les principes essentiels de vitalité : l’autonomie et l’indépendance[3].

Les Bernardines de La Vassin, dans la lutte qui précéda le

  1. Hélyot, Hist, des ordres religieux, t. V.
  2. Bref du pape Alexandre VII pour la réformation générale de l’ordre de Cisteaux. À Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy, imprimeur dudit ordre de Cisteaux. 1679.
  3. C’est à partir du Concordat de 1516 que les abbayes dont le roi s’était réservé la nomination prirent le nom d’'abbayes royales. La Vassin fut de ce nombre.