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sur l’abbaye royale de la vassin.

aux Anglais ; lorsque, seul représentant de la nationalité française, le dauphin Charles errait, délaissé et sans appui, au-delà de la Loire, privé des trois quarts de son royaume, ce fut une fille du peuple qui apparut tout à coup comme la personnification vivante du grand mouvement national, et Jeanne d’Arc sauva la monarchie et la France.

Depuis la bataille de Poitiers jusqu’à la paix de Brétigny, les grandes compagnies occupèrent l’Auvergne. Dans le but de débarrasser ses états d’aussi redoutables garnisaires, Charles V résolut de les expatrier. Henri de Transtamarre disputait alors la couronne de Castille à son frère don Pèdre le Cruel. Le roi de France traita avec les compagnons et les envoya, sous le commandement de Duguesclin, au secours de don Henri, en 1362.

Bertrand de La Tour, l’ancien ôtage de Jean-le-Bon, accompagna l’illustre chef breton dans son expédition au-delà des Pyrénées. De retour en Auvergne, et ses finances se trouvant quelque peu épuisées, par suite de ses nombreuses pérégrinations, Bertrand emprunta aux consuls et habitants de Besse la somme de cinquante florins d’or, et en échange il confirma les privilèges et bonnes coutumes de la ville[1].

Expulsês à prix d’argent de notre province, les routiers revinrent lorsque la guerre se ralluma avec l’Angleterre, en 1370. Des bandes dévastatrices parcoururent les montagnes, mettant tout à feu et à sang. Les villes ouvertes, les bourgs et les monastères dépourvus d’enceinte fortifiée eurent principalement à souffrir.

Nous ne savons si La Vassin put se protéger contre les incursions des ennemis, mais nous voyons la ville de Besse, sa voisine, obtenir à cette époque de Guy de La Tour la permission d’édifier à côté de l’église une grande et haute tour carrée, avec des murs de l’épaisseur de « deux toises et demie, » afin que cette tour pût servir de refuge aux habitants.

  1. Baluze rapporte l’acte confirmatif qui est du mardi après la fête des apôtres Philippe et Jacob, de l’an 1566. Preuves, t. 2, p. 592.