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étude historique

D’autre part, les femmes étaient dispensées du baiser « pudoris et honestatis causâ[1]. » Sans crosse et le voile baissé, l’abbesse du monastère vassal se présentait entourée de ses religieuses devant le seigneur suzerain ou son mandataire, dans la salle capitulaire de l’abbaye. Après s’être agenouillée, elle mettait ses deux mains dans celles du suzerain et déclarait à haute voix tenir le couvent et toutes ses dépendances de son maître et seigneur, jurant k lui être toujours foyalle et loyale[2].

Un acte dressé dans la forme authentique constatait ordinairement l’accomplissement de l’hommage. Les Archives nationales possèdent la déclaration faite en 1302 par Castellone au profit de Bernard de La Tour, déclaration dont Baluze reproduit également le texte latin dans les preuves de son Histoire de la iflaisrn d’Auvergne[3]. Voici la traduction littérale de ce document.

« Nous Castellone, humble abbesse du monastère de la Vayssi, de l’ordre de Cîteaux, et tout le dévot couvent de ce lieu, faisons savoir à tous ceux qui ces présentes lettres verront que de notre plein gré et sciemment, après en avoir auparavant délibéré entre nous en notre chapitre, nous avouons et reconnaissons pour vrai, en présence de noble homme Bernard, seigneur de La Tour, damoiseau, recevant ce qui vient d’être dit et ce qui est écrit ci—après pour lui et pour ses héritiers et successeurs à perpétuité, que nous tenons en fief du dit seigneur de La Tour et que nous avons tenu d’ancienneté des prédécesseurs dudit seigneur toutes les choses qui sont indiquées plus bas, à savoir le monastère de

  1. Ducange, V° cit°.
  2. L’hommage se rendait parfois d’une façon singulière. Ducange cite une charte de 1329 d’après laquelle Marie de Brebant, dame de Vierzon, vassale de Robert d’Artois, comte de Beaumont, devait, pour rendre hommage, se tenir à cheval au gué de Noies « les deux pieds de derrière de sa monture dans l’eau du gué et les deux pieds de devant à terre sèche, par devers la terre de Meun, » tandis que le suzerain, également à cheval, maintenait, pour recevoir l’hommage, son palefroi dans la même posture.
  3. Archives nat. J. 1093, n° 2. — Baluze, t.2 , p. 566.