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sur l’abbaye royale de la vassin.

pourra appeler l’abbesse à l’exécution de son obligation[1].

Ces réfections que nous voyons si souvent octroyées aux monastères par les seigneurs suzerains, dans leurs actes de dernières volontés, étaient comme un suprême souvenir qu’au seuil de la tombe ils donnaient aux serviteurs et aux servantes de Dieu, implorant pour leur âme les prières qui délivrent.

Aux jours marqués par le donateur, les recluses, qui d’ordinaire ne buvaient que de l’eau pure[2], mélangeaient cette eau avec du lait ou du vin, et les poissons ou les légumes cuits sans condiments qui formaient leur nourriture quotidienne étaient alors exceptionnellement remplacés par de la viande ou par tout autre mets.

D’ailleurs, ce n’était pas seulement les hôtes des cloîtres qui dans ces temps avaient le bénéfice de semblables agapes ; souvent aussi ces libéralités étaient faites aux hommes de la seigneurie, aux vassaux du défunt, et le même Bertrand de La Tour qui voulait que les nonnes de La Vassin dépensassent chaque lundi huit sous pour leur pitance, le même Bertrand ordonnait dans son testament de 1286 que le repas général qui avait ordinairement lieu à Besse du temps de son père et de son grand-père, fût donné de nouveau comme jadis[3].

Ces repas funèbres dont l’usage ne s’est pas perdu dans nos campagnes étaient dans les mœurs romaines. Comme toutes les fêtes accompagnées de sacrifices, les funérailles des grands étaient suivies à Rome d’un festin où l’on servait ce qui restait des victimes.

Quelquefois on invitait à ces repas tout le peuple comme ami du mort. C’est ainsi que Jules César fit dresser 22,000 tables, lors des jeux funèbres qu’il donna en l’honneur de sa fille[4]. On appelait ces repas parentalia, parce qu’ils étaient

  1. Baluze, t. 2, p. 530 et 533.
  2. Aquam etiam puram frequentius bibebant. (Vincentius Belvac. lib. 52, cap. 49).
  3. Baluze, t. 2, p. 533.
  4. Plutarch. Cæs., cap. 55.