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Religion de ce peuple ; mais enfin, tant bonne soit-elle, chaque chose a son prix, & je gagerois bien qu’à celui qu’elle lui coûte, il ne trouveroit pas une autre nation à laquelle il pût la faire passer à pareil prix. Ne pourroit-on pas même penser que, meilleure elle est, moins elle a besoin d’une si prodigieuse fortune, & craindre que l’embarras de tant de biens entre les mains de ses ministres, ne les amène insensiblement à être trop occupés des choses d’ici bas, & trop peu de celles qu’ils doivent non-seulement prêcher, mais encore pratiquer ? Ce ne sont-là que des terreurs pour l’avenir ; car jusqu’à présent, comme chacun sait, Moines, Prélats & Nonains n’ont cessé d’être des modèles, que les François sont trop heureux de posséder, même au prix que tant de vertus leur coûtent.

Un très-grand Souverain, après avoir lu ce petit paragraphe sur l’Église Gallicane, s’écria : «  Mais comment cet honnête M. Necker n’a-t-il pas vu que le Clergé de France étoit seul plus riche que le Roi de France & tout le reste de l’État, vu leurs dépenses obligées ? Comment ce grand Ministre n’a-t-il pas découvert, dans cette vérité, la source de cent nouvelles économies, & les moyens faciles d’une régénération totale de la France ?  » On prit la liberté de lui répondre : «  M. Necker, en sa qualité de Protestant, devoit être très-modéré envers l’Église Catholique ; on l’eût soupçonné de porter les principes damnables d’une secte,

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