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Toujours en le supposant le 20e. de la population de la France, ce qui n’est vraisemblablement pas ; la part qui lui revenoit dans le partage commun ne devoit naturellement être que de 54,942,363 L. Comment donc s’est-il fait qu’on lui en ait laissé s’attribuer près de sept fois davantage ? Il faut convenir que nos bons Gaulois étoient d’une générosité inimitable, ou d’une ineptie bien profonde, pour se dépouiller ainsi, & que leurs aimables successeurs sont ou bien insoucians, ou bien inconsidérés, de ne pas regarder de plus près à leurs affaires, & de ne pas s’occuper sérieusement du soin de faire rentrer dans leur caisse & dans celle de l’État des sommes si exorbitantes, journellement employées à celles de toutes leurs dépenses, qui, humainement parlant, leur font le moins de profit.

Il n’y a point de Prince, point d’homme un peu économe, qui ne cherche à rétablir l’ordre dans sa fortune quand il la voit en danger, qui ne réforme sa maison lorsqu’elle est trop nombreuse & trop chère, & qui ne diminue son luxe à proportion des impôts qu’on lui demande. Jamais la France n’en a payé d’aussi rude que celui dont elle soudoie son très-cher Clergé.

Ce seroit une chose curieuse de savoir s’il existe un seul autre peuple sur la terre, auquel son culte coûte aussi cher qu’aux François. C’est sans-doute une excellente chose que la