Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses yeux. À cette vue, il s’écria : « C’est pour moi un surcroît de chagrin de mourir par mes propres plumes. »

L’aiguillon de la douleur est plus poignant, quand nous sommes battus par nos propres armes.


8
LE ROSSIGNOL ET L’ÉPERVIER

Un rossignol perché sur un chêne élevé chantait à son ordinaire. Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia. Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. »

Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main.


9
LE ROSSIGNOL ET L’HIRONDELLE

L’hirondelle engageait le rossignol à loger sous le toit des hommes et à vivre avec eux, comme elle-même. Le rossignol répondit : « Je ne veux point raviver le souvenir de mes anciens malheurs : voilà pourquoi j’habite les lieux déserts. »

Cette fable montre que l’homme affligé par quelque coup de la fortune veut éviter jusqu’au lieu où le chagrin l’a frappé.


10
LE DÉBITEUR ATHÉNIEN

À Athènes, un débiteur, sommé par son créancier de