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Quelques-unes sont de simples bons mots ou soi-disant bons mots : L’Eunuque (114), Les Ménagyrtes (237), Les Jeunes Garçons et le Cuisinier (248), L’Ane qui broute des paliure (281), L’Enfant qui vomit ses entrailles (293), La Rivlère et la Peau (320). Une, L’Avare qui a trouvé de l’or est un exercice de rhétorique puéril qui s’est égaré des cahiers d’un rhéteur dans nos manuscrits. Sauf ces quelques exceptions, nos recueils ne contiennent guère que des fables proprement dites. L’on pourrait s’attendre à y voir quantité de ces γέλοια que dès le temps d’Aristophane on attribuait à Ésope, et qu’on retrouve disséminés dans maint auteur, en particulier chez Athénée et Stobée. Mais les collectionneurs qui ont rédigé nos manuscrits en ont exclu généralement les anecdotes et les jeux de mots qui ne comportaient pas de leçon morale.


La moralité.

Il arrive parfois, il est vrai, que la moralité n’a qu’un rapport assez lâche avec la fable, ou même qu’elle n’en a pas du tout. C’est sur le peu de convenance de ces moralités au texte que certains critiques se sont fondés pour attribuer la rédaction de nos moralités à des Byzantins maladroits. Ainsi en jugea Tyrwhitt qui négligea d’imprimer les promythia des fables du manuscrit d’Oxford qu’il publia dans sa Dissertation sur Babrius. On admit après lui que les fables antiques n’avaient pas de moralité. La découverte des tabulae ceratae Assendelftianae, qui datent du IIIe siècle de notre ère, démontra que les fables de Babrius lui-même avaient des moralités. D’ailleurs les témoignages des rhéteurs sur le promythium et l’epimythium ne laissent aucun doute sur l’importance que les anciens attachaient à cette partie de la fable. C’est même parce qu’on y attachait trop d’importance que beaucoup de nos moralités répondent mal ou ne répondent pas à la fable. Les copistes leur réservaient en effet un honneur particulier : ils les écrivaient souvent tout entières en lettres rouges ; dans le Parisinus 690 elles sont même écrites en lettres d’or. Sans doute pour éviter de changer d’encre à chaque fable, ils laissaient en blanc la place de la morale, se réservant de la remplir soit à la fin du feuillet, soit à la fin de leur tâche. De là des omissions dans les meilleurs manuscrits : ils oubliaient en effet de remplir certains blancs ; c’est ainsi que deux fables du Laurentianus 79 n’ont pas de moralité. De même un des