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Cette fable pourrait se dire des hommes qui, en voulant se défendre de médiocres dangers, se sont jetés à leur insu dans des périls plus redoutables.


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LE CORBEAU ET LE RENARD

Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. »

Cette fable est une leçon pour les sots.


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LE CORBEAU ET HERMÈS

Un corbeau pris au piège promit à Apollon de lui brûler de l’encens ; mais sauvé du danger, il oublia sa promesse. Pris de nouveau, à un autre piège, il laissa Apollon pour s’adresser à Hermès, à qui il promit un sacrifice. Mais ce dieu lui répondit : « Misérable, comment me fierais-je à toi, qui as renié et frustré ton premier maître ? »

Quand on s’est montré ingrat envers un bienfaiteur, on n’a plus, si l’on tombe dans l’embarras, à compter sur aucun secours.


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LE CORBEAU ET LE SERPENT

Un corbeau à court de nourriture aperçut un serpent qui