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autre chose qu’un coq ; ils le prirent et se retirèrent. Et lui, sur le point d’être immolé par eux, les pria de le relâcher, alléguant qu’il était utile aux hommes, en les éveillant la nuit pour leurs travaux. « Raison de plus pour te tuer, s’écrièrent-ils ; car, en éveillant les hommes, tu nous empêches de voler. »

Cette fable fait voir que ce qui contrarie le plus les méchants est ce qui rend service aux gens de bien.

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L’ESTOMAC ET LES PIEDS


L’estomac et les pieds disputaient de leur force. À tout propos les pieds alléguaient qu’ils étaient tellement supérieurs en force qu’ils portaient même l’estomac. À quoi celui-ci répondit : « Mais, mes amis, si je ne vous fournissais pas de nourriture, vous-mêmes ne pourriez pas me porter. »

Il en va ainsi dans les armées : le nombre, le plus souvent, n’est rien, si les chefs n’excellent pas dans le conseil.

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LE CHOUCAS ET LE RENARD


Un choucas affamé s’était perché sur un figuier ; mais voyant que les figues étaient encore vertes, il attendait qu’elles fussent mûres. Un renard, le voyant s’éterniser là, lui en demanda la raison. Quand il en fut instruit : « Tu as tort, l’ami, dit-il, de t’attacher à une espérance ; l’espérance s’entend à repaître d’illusion, mais de nourriture, non pas. »

Cette fable s’applique au convoiteux.