mieux pour les excuser que d’attribuer leur crime à leur sottise : « Mon père, dit-il, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Paul écrivait dans le même sens à Timothée : « J’ai obtenu miséricorde devant Dieu, parce que mon incrédulité était l’effet de mon ignorance. » De son ignorance, c’est-à-dire de sa folie et non de sa méchanceté, et c’est bien à la Folie qu’il rapporte la miséricorde qu’il obtient. Un passage du Psalmiste, qui m’a échappé en son lieu et place, milite encore en ma faveur : « Ne vous souvenez pas des fautes de ma jeunesse, Seigneur, oubliez mes ignorances. » Il met, vous le voyez, deux choses en avant, d’abord sa jeunesse, cet âge dont je suis la compagne fidèle, et ensuite ses ignorances, termes énergiques qui englobent toutes espèces de folie.
Pour ne pas nous perdre dans les nuages, disons en bloc que le christianisme semble avoir une espèce d’affinité avec la folie, et répugner à la sagesse. Vous en faut-il des preuves ? Voyez les enfants, les vieillards, les femmes et les imbéciles, personne ne goûte mieux qu’eux les choses religieuses ; l’impulsion seule de leur nature les amène au pied des autels. Les fondateurs de l’Église ne furent-ils pas des gens d’une extrême simplicité, ennemis déclarés de la science ? De fous, il n’en est certainement pas de plus complets sur la terre que les chrétiens absorbés dans leur prière. On les voit négliger leur patrimoine, oublier les injures, se laisser tromper sans se plaindre, ne pas distinguer amis et ennemis, abhorrer le plaisir, se soûler