Page:Épinay - Les Conversations d’Émilie, 1781, tome 2.pdf/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
Conversation.

La Mere.

Je ne vous en accuſe pas ſeule ; les perſones que vous avez cru devoir imiter, pour être à la mode, pour prendre le ton du grand monde ou de la bonne compagnie, ſont vos complices. Mais quand on ſe mêle avec elles par légéreté, par air, ſans réflexion, ſans ſavoir ce qu’on fait, on partage leurs torts, & l’on ceſſe d’être innocente. Vous avez dit d’un bonet qu’il était éfroyable ; une autre le dit du temps, quand il pleut ; une troiſieme d’une lettre qui n’eſt pas bien écrite ; & de tout cela, il réſulte qu’on ne peut plus appeller éfroyable ce qui l’eſt réellement, ce qui inſpire l’éfroi, & que chacune de vous a gâté la langue au tant qu’il a dépendu d’elle.

Emilie.

J’ai été coupable, je ne le ſerai plus. Mais vous, Maman, êtes-vous toujours innocente ?