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Troisieme

mon abſence, vous l’affligez, vous l’obligez à parler ſans ceſſe, cela la fatigue & lui fait mal ; & c’eſt une bien mauvaiſe récompenſe que vous lui donnez des ſoins qu’elle prend de vous. D’ailleurs, comme nous avons le cœur bon & compatiſſant, c’eſt un ſpectacle fâcheux & qui nous afflige, de voir une petite fille qui ſe tourmente, & qu’on eſt obligé de tracaſſer, pendant qu’on déſireroit pouvoir lui rendre la vie douce & heureuſe.

Emilie.

Mais, ſi ma bonne voulait me laiſſer faire tout à ma fantaiſie, elle ne ſe tourmenterait pas. Qu’eſt-ce qui en arriverait ?

La Mere.

Il en arriverait qu’elle manquerait à ſon devoir, qu’elle perdrait ma confiance, & qu’elle ſerait mécontente d’elle-même, parce qu’elle aurait à ſe