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Douzieme

inſtruite ; & comment aurais-je fait, moi qui ſuis malheureuſement très ignorante ?

Emilie.

Allons, Maman, vous badinez.

La Mere.

Je vous dis la vérité. Je ne me permets point de fixer les bornes du ſavoir aux perſones de notre ſexe, peut-être ne faut-il pas même une regle générale à cet égard ; mais du temps de mon enfance ce n’était pas l’uſage de rien apprendre aux filles. On leur enſeignait les devoirs de religion tant bien que mal, pour les mettre en état de faire leur premiere communion. On leur donnait un fort bon maître à danſer, un fort mauvais maître de muſique, & tout au plus un médiocre maître de deſſin. Avec cela un peu d’hiſtoire & de géographie, mais ſans aucun attrait ; il ne s’agiſſait que de retenir des noms & des dates, qu’on oubliait dès que