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Conversation.

connaiſſance. Sa mere la ſerra tendrement dans ſes bras & lui diſait : Ah, mon enfant, je t’en conjure, ne te rends pas malheureuſe ! Que tes réſolutions ſoient durables, & n’aie point à te reprocher la mort de ta mere ! Ta conduite a détruit ma ſanté. Que deviendrais-tu, ſi tu me perdais par ta faute ? Tu ſerais un objet d’horreur. Perſonne ne voudrait te voir. Tout le monde te fuirait ; tu voudrais te fuir toi-même, mais tes remords te ſuivraient par tout. La petite d’Orville fondait en larmes, ſanglotait & ſerrait ſa main, en criant : Maman, Maman, ayez pitié de moi, ayez pitié de moi ! je vais tout réparer !

En effet, de ce moment elle s’appliqua à vaincre ſon caractere. Elle eut plus de peine qu’une autre, mais elle y parvint. Elle ſe livra à l’étude, & en deux ans de temps elle