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Quatrieme

meur & dans la peine. Ses parens la voyant incorrigible, uſerent enfin avec elle d’une grande rigueur, & Mademoiſelle d’Orville devint ſi malheureuſe, qu’elle commença à faire des réflexions. Sa couſine avait acquis toutes ſortes de talens. Elles avait beaucoup lu, beaucoup appris ; elle commençait à jouir du fruit des peines qu’elle s’était données. Elle comprenait à merveille les converſations qu’elle entendait, lorſqu’elle était en compagnie ; & lorſqu’elle ſe trouvait ſeule, elle ne s’ennuyait jamais, parce qu’elle ſavait s’occuper. La muſique, le deſſin, l’ouvrage ſe ſuccédaient tour à tour ; elle paſſait d’une occupation à une autre, & n’étant jamais déſœuvrée, elle n’avait jamais d’humeur.

Un jour que Monſieur & Madame d’Orville ſe promenaient dans leur jardin avec leur fille & leur niece,