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elle étoit ici avec toi, c’est alors que celle de mes beaux jours renaîtroit ; tout ce que j’ai souffert ne seroit plus qu’un songe. Depuis que je suis ici, chaque pas me rappelle et me remet à mes douces habitudes. L’enthousiasme et les élans de mon cœur, qui exaltent un peu ma tête, y mettent seuls des différences. Mes yeux ne s’arrêtent point sur ma mère, sans qu’il ne me prenne envie de me jetter dans ses bras, et d’y pleurer à mon aise tout ce que j’aurois perdu, si la tendre pitié de Maurice ne m’eut sauvée. En recevant ses embrassemens, et ceux de mon père, je suis hors de moi ; et pour la première fois de ma vie, je n’ose me livrer à toute la sensibilité que j’éprouve ; je crains de les émouvoir trop eux-mêmes ; je crois aussi que mon frère me gêne ; avec un ca-