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ciel ; la poste officieuse, ne vient plus ici m’apporter le consolant tribut de ton amitié ; nous n’avons plus aujourd’hui la même patrie ; et tout en t’écrivant, je ne sais encore quand et comment t’arrivera ce que j’écris aussi, je ne finis pas ma lettre, j’interromps seulement le plaisir de te parler, ce sera le charme de mon solitaire ennui ; et pour n’être jamais seule, je me ménage le plaisir de me trouver toujours avec toi. Cœurs de femme que nous sommes, ne croiroit-on pas que je t’écris d’un cabinet de ville ? Et je suis sous une cabane ; mes lambris sont des feuilles sèches, et mon parquet un gazon : foulé et flétri. J’entends du bruit et du mouvement dehors ; mon frère va revenir sans doute, ou plutôt je te quitte et je vais au-devant de lui.