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mes esprits et de mes forces ; mais par où te commencer ce récit horrible.

Je t’ai dit, en finissant ma dernière lettre, que l’on hâtoit notre départ : il étoit nuit, nous marchâmes quatre heures entendant toujours des coups de fusil loin derrière nous ; le bruit se rapprocha, nos gens nous joignirent ; je vis mon frère un moment, le dernier peut-être ! On nous fit prendre une route détournée ; on nous donna des guides ; au jour, nous nous arrêtons dans un hameau abandonné, nos guides nous pressoient de repartir, aucune de nous n’en avoit la force ; nous nous jettons dans les maisons ouvertes, et d’accablement je m’endormis au milieu de mes compagnes d’infortune ; bientôt des cris et des coups de feu nous réveillent, nos portes sont enfoncées, des soldats nous