il vous semble qu’on les fasse et on les fait selon le rythme vrai qu’ils doivent avoir, que la pensée qu’ils expriment doit leur donner.
Cette manière d’incubation a donc, non seulement ses plaisirs, mais ses avantages.
Il arrive aussi, et cela est moins heureux, que l’on altère le texte. Je me suis longtemps cité à moi-même le vers de Voltaire ainsi : « Il est deux morts, je le vois bien… » Le texte est : « On meurt deux fois, je le vois bien » ; qui, au moins comme euphonie est très préférable. Je me suis longtemps cité le vers de Ruy-Blas ainsi :
Je donne des conseils aux ouvriers du nonce.
Le texte est : « Je donne des avis », qui est le mot propre. De même dans le Jean Sévère de Victor-Hugo :
Un discours de cette espèce,
Sortant de mon hiatus,
Prouve que la langue épaisse,
Ne rend pas l’esprit obtus.
Le texte est : « Ne fait pas l’esprit obtus », qui est le mot nécessaire. Je dois confesser à ma honte que, toutes les fois que j’ai constaté une altération de texte faite par moi, j’ai dû reconnaître que le texte de l’auteur était beaucoup meilleur que le mien ; mais ceci même est une comparaison très instructive et très utile pour l’étudiant en littérature.
Pour un seul texte — je ne le dis qu’en rougissant