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repos un peu moins fort, mais un repos encore, après le second distique :

Depuis le jour où le voyant vainqueur,
D’être amoureuse, amour, tu m’as forcée, ‖
Fût-ce un instant, je n’ai pas eu le cœur
De lui montrer ma craintive pensée, ǀ
Dont je me sens à tel point oppressée,
Mourant ainsi, que la mort me fait peur.

Tandis qu’en ponctuant comme le typographe avait fait, même avec une syntaxe correcte, comme je vais faire, nous aurons un distique, puis trois vers d’une seule tenue de voix, puis un vers isolé ; deux, trois, un ; et tout rythme est détruit.

Depuis le jour où le voyant vainqueur
D’être amoureuse, amour, tu m’as forcée, ǀ
Fût-ce un instant, je n’ai pas eu le cœur
De lui montrer ma craintive pensée,
Dont je me sens lourdement oppressée. ǀ
Mourant ainsi, que la mort me fait peur !

Oui, tout rythme est détruit et l’on se trouve en présence d’une de ces dissonances, ou plutôt d’une de ces arythmies que les poètes sans doute se permettent et même cherchent parfois, mais pour produire un effet particulier, à quoi ici on ne voit pas qu’il y ait lieu.

Il faut donc lire sur une édition bien ponctuée et il faut faire une attention scrupuleuse à la ponctuation.

Ensuite, il faut faire attention au nombre et à l’harmonie, qui ne sont pas absolument la même