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cédait en rien à l’affligeante puérilité des exercices de 1865, si tant est qu’elle ne fût pas, au moins, plus éclatante aux yeux.

Que faire donc ? Énergiquement, doctoralement, quelques-uns disent : « Ne jamais demander à l’enfant que sa pensée personnelle, que l’impression qu’il a reçue et dont il a dû, seulement, se rendre compte, dont il a dû, seulement, prendre possession, en lisant les Femmes savantes, Britannicus ou l’Art de conférer. Cultiver la personnalité, au lieu de l’étouffer sous celles d’autrui, au lieu de la forcer à abdiquer pour faire place à une personnalité d’emprunt : voilà, voilà ce qu’il y a à faire et rien autre. »

Certes, j’en suis d’avis et de toute mon âme. Seulement, c’est tellement restreindre le champ des exercices scolaires qu’il se réduirait à presque rien. Cela revient à ceci : ne dites rien à l’élève sur le Cid, ne lui laissez rien lire sur le Cid, faites-lui lire le Cid et puis demandez-lui ce qu’il en pense. Or, l’élève répondra que cela lui a beaucoup plu et que c’est très beau. Soyez sûr que, s’il répond autre chose, c’est qu’il aura triché ; c’est qu’il aura lu quelque Sainte-Beuve ou quelque Lintilhac pour y trouver « des idées ».

Comme fond et sauf quelques traits, quelques observations de détail, que ce sera le devoir du professeur de guetter, d’aviser et de relever avec soin pour en féliciter l’écolier, un devoir scolaire sera toujours un reflet. Ce qui sera de l’enfant, ce sera