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Dans les membres plantés
Plus profond que mes yeux

Dans la parole insigne

Ma vie se concrétise
Mais aussi ma raison de mourir sans vergogne

Au bien :

L’aube grise les yeux ternis
La faim calmée par une aumône

La plaie pansée par l’ennemi
La plaie léchée par un ami

La maison habitée même par le désastre
Les routes même défoncées

Les mains si douces abîmées
Les lèvres roses déflorées

Une chasse sans gibier
Une corde sans pendu
Une femme sans enfants

Les murs de ma cécité
Tout autour de ma vision