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Je compte sur la mort pour vivre
Ruines l’amour est un fantôme
Le monde sonne le néant
Et sur le corps de mes enfants
J’annule d’un zéro le temps.

L’ami :

La même vague haute et bleue
Porte le jour pour tous les hommes
Leur avenir et leur présence
Et leur espoir hospitalier

Jeunesse couvre la vieillesse
J’ai besoin de mains dans les miennes
Besoin d’un cœur pour m’éprouver
Si je suis seul l’aurore est vaine

Mes bonnes sources de printemps
Ouvrent la terre tendrement
L’amour fertile rit aux anges
À tous les amants de demain

Revanche est un mot minuscule
Pour ces enfants sûrs de survivre
Le bonheur leur est essentiel
Il chante à jamais dans leurs veines

Ils ont gagné.