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La beauté trop souvent est une lampe obscure
Je l’exalte et lui donne la lueur de l’aube
Pour qu’elle échappe à la faiblesse de la lune.



Petites ailes des oiseaux pièges des perles
Je vous plonge en la pourpre des raisins du sang
La source appâte l’herbe verte

Il y a bien par-ci par-là des yeux crevés
Et des membres gelés sur des couches de pierre
Et des cheveux pris dans les ronces

Dans les artères des prodiges de poussière
Et des flammes de plomb dans des foyers éteints
Des injures sous les paupières

Mais les fauves d’été rugissent et fleurissent
Les glaces de l’hiver sont saintes à souhait
J’ai une tête à tout mêler nuits et clartés.



Par mes printemps il n’est de dons que bénéfiques
Or je vois jour et nuit sous l’angle de durée
Je veux être toujours heureux