leurs complices, sont des êtres faciles à duper et combien ils s’empêtrent dans leurs propres fois. Leurs armes ont à peine servi que déjà, tout émoussées, elles n’ont plus de tranchant. Ils prohibent l’Internationale, mais ce qu’ils ne peuvent prohiber, c’est l’accord naturel et spontané de tous les travailleurs qui pensent, c’est le sentiment de solidarité qui nous unit de plus en plus, c’est notre alliance toujours plus intime contre les parasites de diverses nations et de diverses classes. Ces lois ne servent qu’à rendre grotesques les graves et majestueux personnages qui les édictent. Pauvres fous, qui commandez à la mer de reculer !
Par un contraste bizarre, jamais on ne parla de la patrie avec une aussi bruyante affectation que depuis le temps où on la voit se perdre peu à peu dans la grande patrie terrestre de l’Humanité. On ne voit plus que des drapeaux, surtout à la porte des guinguettes et des maisons à fenêtres louches. Les « classes dirigeantes » se targuent à pleine bouche de leur patriotisme, tout en plaçant leurs fonds à l’étranger et en trafiquant avec Vienne ou Berlin de ce qui leur rapporte quelque argent, même les secrets d’État. Jusqu’aux savants, oublieux du temps où ils constituaient une république internationale de par le monde, qui parlent de « science française », de « science allemande », de « science italienne » comme s’il était possible de cantonner entre des frontières, sous l’égide des gendarmes, la connaissance des faits et la propagation des idées : on fait du protectionnisme pour les productions de l’esprit comme pour les navets et les cotonnades. Mais en proportion même de ce rétrécissement intellectuel dans le cerveau des importants s’élargit la pensée des petits. Les