doctrine de la circulation du sang, le grand savant Lombroso voit autant de fous dans tous les novateurs et pousse l’amour de la stabilité sociale jusqu’à signaler comme des criminels politiques tous ceux qui critiquent les choses existantes, tous ceux qui s’élancent vers l’inconnu ; et pourtant il avoue que lorsqu’une idée nouvelle a fini par l’emporter dans l’esprit de la majorité des hommes, il faut s’y conformer pour ne pas devenir révolutionnaire en s’opposant au consentement universel : mais en attendant cette révolution fatale, il demande que les évolutionnaires soient traités comme des criminels Fou lui-même, cet homme qui trouve tant de fous de par le monde, veut que l’on punisse des actions qui demain seront louées de tous comme les produits de la plus pure morale : il eût fait boire la ciguë à Socrate, il eût mené Jean Hüss au bûcher ; à plus forte raison eût-il guillotiné Babeuf, car de nos jours, Babeuf serait encore un novateur ; il nous voue à toutes les fureurs de la vindicte social, non parce que nous avons tort, mais parce que nous avons raison trop tôt.
Quant à nous, il nous suffit de chercher à avoir de plus en plus raison. Nous arriverons à la paix sociale par l’étude approfondie des lois naturelles et de l’histoire, de tous les préjugés dont nous avons à nous défaire, de tous les éléments hostiles qu’il nous faut écarter, de tous les dangers qui nous menacent, de toutes les ressources dont nous pouvons disposer. Nous avons l’échiquier devant nous. Il faut gagner la partie.
Quel est d’abord notre objectif révolutionnaire ? Tous, amis et ennemis savent qu’il ne s’agit plus de petites révolutions partielles, mais bien d’une révolution générale. C’est dans l’ensemble de la