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aussi recul, et si les évolutions tendent vers un accroissement de vie, il y en a d’autres qui tendent vers la mort. L’arrêt est impossible, il faut se mouvoir dans un sens ou dans une autre, et le réactionnaire endurci le libéral douceâtre qui poussent des cris d’effroi au mot de révolution, marchent vers une révolution, celle de la mort. La maladie, la sénilité, la gangrène sont des évolutions au même titre que la puberté. L’arrivée des vers dans le cadavre comme le premier vagissement de l’enfant, indique qu’une révolution s’est faite. La physiologie, l’histoire sont là pour nous montrer qu’il est des évolutions qui s’appellent décadence et des révolutions qui sont la mort.

L’histoire de l’Humanité, bien qu’elle ne nous soit à demi connue que pendant une courte période de quelques milliers d’années, nous offre déjà des exemples sans nombre de peuplades et de peuples, de cités et d’empires qui ont misérablement péri à la suite de lentes évolutions entraînant leur chute. Multiples sont les faits de tout ordre qui ont pu déterminer ces maladies de nations, de races entières. Cependant il est une cause majeure, la cause des causes dans laquelle se résume l’histoire de la décadence. Elle réside dans la constitution d’une partie de la société en maîtresse de l’autre partie, dans l’accaparement de la terre, des capitaux, du pouvoir, de l’instruction, des honneurs par quelques-uns ou par une aristocratie. Dès que la foule imbécile n’a plus le ressort de la révolte contre ce monopole d’un petit nombre d’hommes, elle est virtuellement morte et sa disparition n’est plus qu’une affaire de peu de temps. La peste noire arrive bientôt pour nettoyer tout cet inutile pullulement d’individus sans liberté ; les mas-