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LES MARIAGES DE CHARLEMAGNE

Souabe de haute noblesse[1]. Il en eut trois fils, Charles, Pépin et Louis, et autant de filles, Rotrude, Berthe et Gile[2]. Il eut trois autres filles encore, Théodrade, Hiltrude et Rothaïde, les deux premières de son épouse Fastrade, une Germaine de la race des Francs Orientaux[3], la troisième d’une concubine dont le nom m’échappe présentement. Fastrade étant décédée[4], il épousa l’Alamanne Liutgarde, dont il n’eut pas d’enfants. Après la mort de celle-ci[5], il eut quatre concubines : Madelgarde, qui lui donna une fille nommée Rotilde ; Gervinde, une Saxonne, dont lui naquit une fille nommée Adeltrude ; Reine, qui lui donna Drogon et Hugue ; et Adelinde, dont il eut Thierri.

Sa mère[6], Bertrade, vieillit auprès de lui environnée d’honneur ; car il était à son égard si plein de respect qu’il

  1. Morte le 30 avril 783 (Annales royales, éd. Kurze, p. 64 et 65). En parlant d’elle, Éginhard semble se rappeler ce que Paul Diacre en avait dit dans son épitaphe (Histoire des évêques de Metz, dans les Monumenta Germaniae, Scriptores, t. II, p. 265) : « Quae tantum clarae transcendit stirpis alumnos, etc… »
  2. Dans son Histoire des évêques de Metz, qu’Éginhard semble avoir eue ici sous les yeux, Paul Diacre avait dit plus justement : « Hic ex Hildegard conjuge quattuor filios et quinque filias procreavit » (Monumenta Germaniae, Scriptores, t. II, p. 265). Mais Paul Diacre ajoute qu’un des fils — Lothaire, frère jumeau du futur Louis le Pieux — et deux des filles — Hildegarde et Adélaïde — étaient morts en bas âge ; et c’est pourquoi, sans doute, Éginhard ne parle que de trois fils et de trois filles.
  3. Éginhard suit ici, en les complétant, les Annales royales, 2e rédaction, ann. 783, éd. Kurze, p. 67 (« … duxit uxorem filiam Radoifi comitis natione Francam nomine Fastradam, ex qua duas filias procreavit »).
  4. En 794. Voir ibid., p. 95.
  5. Le 4 juin 800. Voir ibid., p. 111.
  6. Ce paragraphe et le suivant sont inspirés du chap. lxi, 2, de la Vie d’Auguste, où Suétone nous montre les égards de l’empereur romain pour sa mère et pour sa sœur : « Utrique cum praecipua officia vivae praestitisset, etiam defunctae honores maximos tribuit. » L’historien latin ajoute (lxiv, 1) qu’Auguste eut trois petits-fils et deux petites-filles, « nepotes… tres habuit…, neptes duas », et ces expressions sont évidemment présentes à l’esprit d’Éginhard quand il parle des trois petits-fils et des trois petites-filles de Bertrade.