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CONSTRUCTION D’UNE FLOTTE CONTRE LES NORMANDS

rive méridionale de l’île des Bataves[1]. Mais surtout il prescrivit aux évêques et aux prélats à qui incombait ce soin de restaurer dans toute l’étendue de son royaume les églises qui tombaient en ruines et veilla par l’intermédiaire de ses missi à ce que ses ordres fussent exécutés[2].

Il forma aussi une flotte pour lutter contre les Normands[3]. Il fit à cet effet construire des vaisseaux près des fleuves qui, en Gaule et en Germanie, se jettent dans l’Océan septentrional ; et comme les Normands assaillaient sans cesse et pillaient le littoral de la Gaule et de la Germanie, il plaça des sentinelles et des postes de garde dans tous les ports et à toutes les embouchures de fleuves où des navires semblaient pouvoir pénétrer, afin d’empêcher l’ennemi d’échapper. Au sud, sur les côtes de la province Narbonnaise et de la Septimanie et tout le long des côtes d’Italie jusqu’à Rome, il prit les mêmes mesures contre les Maures, qui se mettaient, à leur tour, à exercer la piraterie. Le résultat fut que, de son vivant, tout grave dommage fut épargné à l’Italie de la part des Maures et à la Gaule et à la Germanie de la part des Normands, exception faite de Centumcellae[4],

  1. C’est-à-dire le pays de Betuwe.
  2. La lecture des capitulaires de Charlemagne confirme l’exactitude de ces dernières assertions.
  3. Le paragraphe qui suit a été écrit à l’aide des Annales royales (spécialement les années 800 à 813), qu’Éginhard a, suivant les cas, complétées ou abrégées plus ou moins heureusement. Certaines expressions ont été presque textuellement reproduites par lui : « Insulae Baleares… a Mauris piraticam exercentibus depraedatae sunt » (ann. 798, 2e rédaction, éd. Kurze, p. 105) ; « … litus oceani Gallici perlustravit et in ipso mari, quod tune piratis Nordmannicis infestum erat, classem instituit, praesidia disposuit » (ann. 800, 2e rédaction, éd. Kurze, p. 111) ; « … nuntium accepit classem… de Nordmannia Frisiam appulisse totasque Frisiaco litori adjacentes insulas esse vastatas » (ann. 810, p. 131) ; « Mauri… Centumcellas Tusciae civitatem et Niceam provinciae Narbonensis vastaverunt » (ann. 813, p. 139). — Éginhard, dans cette dernière phrase, a omis le nom de Nice. Il a, d’autre part, peut-être généralisé à tort ce que les Annales disent (ann. 811, p. 135) de la construction d’une flotte contre les Normands à Boulogne et à Gand quand il parle de vaisseaux mis en chantier un peu partout aux abords des fleuves sur les côtes de Gaule et de Germanie.
  4. Aujourd’hui Cività Vecchia.