Page:Éginhard - Vie de Charlemagne, trad. Halphen, 1923.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
GUERRE DE BAVIÈRE

retourna à Rome, y passa quelques jours à faire ses dévotions aux lieux saints et de là rentra en Gaule.

[11.] Sur ce, la guerre éclata brusquement en Bavière, mais fut promptement terminée[1]. La superbe et la sottise du duc Tassilon en furent cause. Poussé par sa femme, qui était fille du roi Didier et qui pensait pouvoir, par son mari, venger l’exil de son père, il avait fait alliance avec les Huns, voisins des Bavarois du côté de l’Orient, et, non content de refuser l’obéissance, avait adopté une attitude de provocation. Son arrogance était trop grande pour pouvoir être tolérée : rassemblant ses troupes, le roi se dirigea sur la Bavière et atteignit, à la tête d’une forte armée, les rives du Lech, qui sépare les Bavarois des Alamans. Il y établit son camp et décida, avant de pénétrer dans la province, d’envoyer au duc des parlementaires pour sonder ses intentions. Et celui-ci, voyant bien que, ni pour lui ni pour son peuple, il ne serait avantageux de braver le roi, alla implorer sa clémence, livra les otages qu’il lui réclamait, entre autres son fils Théodon, et prêta en outre serment de ne plus écouter aucune incitation à la révolte. C’est ainsi qu’une guerre, qui s’annonçait comme particulièrement grave, fut arrêtée avec une extrême rapidité.

Plus tard Tassilon, ayant été mandé en présence du roi, se vit refuser l’autorisation de rentrer dans sa province, dont

  1. Pour composer ce chapitre, Éginhard a amalgamé, d’une façon maladroite et qui rend encore une fois incompréhensible la suite des événements, des détails empruntés à deux notes distinctes des Annales royales (2e rédaction), se référant l’une à l’année 787, où Tassilon fut vaincu, l’autre à l’année 788, où, ayant trahi ses serments, il fut mis en jugement et condamné à mort (voir Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 84). Mais, tout en mêlant les faits, il suit de près le texte même de l’annaliste, comme le prouvent les rapprochements qui suivent : « Iniit consilium ut experiretur quid Tassilo de promissa sibi fidelitate facere vellet congregatoque ingenti exercitu… Baioariam petere constituit… Ipse… super Lechum fluvium, qui Alamannos et Baioarios dirimit… consedit, inde Baioariam cum tam valida manu procul dubio petiturus nisi Tassilo sibi ac populo suo ad regem veniendo consuleret. Nam videns se undique circumsessum, venit supplex… Sed et rex, sicut erat natura mitissimus, supplici ac deprecanti pepercit acceptisque ab eo praeter filium ejus Theodonem aliis quos ipse imperavit duodecim obsidibus et populo terrae per sacramenta firmato… Obiciebant et (Tassiloni) quod… suadente conjuge sua Lintherga, quae filia Desiderii regis Langobardorum fuit et post patris exilium Francis inimicissima semper extitit in adversitatem regis et ut bellum contra Francos susciperent Hunorum gentem concitaret » (éd. Kurze, p. 79 et 81).