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GUERRE D’ESPAGNE

fut cependant abandonnée et nulle part les combats, souvent aussi rudes, où l’on se trouvait engagé ne furent interrompus.

C’est que le roi, qui dépassait en sagesse et en grandeur d’âme tous les souverains de son temps, ne recula jamais devant aucun labeur ni devant aucun danger pour assurer la réussite d’une entreprise : ayant appris à s’accommoder aux circonstances, il savait résister à l’adversité ou éviter, quand la fortune lui souriait, de se laisser gagner à ses séductions.

[9.] Tandis que l’on se battait assidûment et presque sans interruption contre les Saxons, Charles, ayant placé aux endroits convenables des garnisons le long des frontières, attaqua l’Espagne avec toutes les forces dont il disposait[1]. Il franchit les Pyrénées, reçut la soumission de toutes les places et de tous les châteaux qu’il rencontra sur sa route[2] et rentra sans que son armée eût subi aucune perte, à ceci près que, dans la traversée même des Pyrénées, il eut, au retour, l’occasion d’éprouver quelque peu la perfidie basque[3] : comme son armée cheminait étirée en longues files, ainsi que l’exigeait l’étroitesse du passage, des Basques, placés en embuscade — car les bois épais qui abondent en cet endroit[4]

  1. Ce paragraphe est écrit à l’aide des Annales royales (2e rédaction, année 778, éd. Kurze, p. 51), dont il reproduit textuellement ou presque textuellement plusieurs passages : « Superato in regione Wasconum Pyrinei jugo, primo Pampelonem Navarrorum oppidum adgressus in deditionem accepit. Inde… Caesaraugustam accessit… Regredi statuens Pyrinei saltum ingressus est. In cujus summitate Wascones insidiis conlocatis, extremum agmen adorti, totum exercitum magno tumultu perturbant. Et licet Franci Wasconibus tam armis quam animis praestare viderentur, tamen et iniquitate locorum et genere imparis pugnae inferiores effecti sunt. In hoc certamine plerique aulicorum quos rex copiis praefecerat interfecti sunt, direpta impedimenta et hostis propter notitiam locorum statim in diversa dilapsus est. »
  2. Quelque peu exagéré !
  3. Façon vraiment discrète d’avouer la défaite de Roncevaux.
  4. Sur l’emplacement du combat (qu’aucun texte ne précise avant la Chanson de Roland — laquelle, on le sait, le situe à Roncevaux) et la disposition des lieux, on consultera avec fruit J. Bédier, Les légendes épiques, t. III (1912), p. 297-303. Voir aussi P. Boissonnade, Du nouveau sur la Chanson de Roland (1923), p. 139-142.