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GUERRE D’ITALIE

de déserter et de regagner leurs foyers[1]. L’expédition n’en avait pas moins eu lieu contre le roi Hastolf et elle avait été rapidement terminée. Mais si les deux guerres eurent une cause analogue, ou plutôt la même cause, ni l’effort fourni ni les résultats ne furent comparables : Pépin, après avoir assiégé le roi Hastolf quelques jours seulement dans Tessin[2], le contraignit à livrer des otages, à restituer aux Romains les places fortes et les châteaux qu’il leur avait enlevés et à jurer de ne pas ressaisir ce qu’il rendait ; tandis que Charles, la guerre une fois commencée, n’abandonna la partie qu’après avoir obtenu la reddition du roi Didier, épuisé par un long siège, qu’après avoir forcé son fils Adelchis, en qui tous avaient placé leurs espoirs, à quitter non seulement le royaume, mais le sol de l’Italie[3], avoir enfin réduit le duc de Frioul Rodgaud révolté, subjugué l’Italie tout entière et y avoir installé son fils Pépin comme roi[4].

J’insisterais encore sur les difficultés qu’il eut à vaincre, lors de son entrée en Italie, pour franchir les Alpes, sur les efforts que coûtèrent aux Francs la traversée de ces montagnes inaccessibles, avec leurs pics dressés dans le ciel et leurs rochers abrupts, si je ne m’étais proposé dans le présent ouvrage de faire connaître plutôt la vie du roi que le détail de ses guerres. Il suffira de dire que celle-ci eut pour

  1. Ces détails sur l’opposition des grands ne sont pas dans les Annales royales. Nous ne savons où Éginhard les a pris.
  2. Ancien nom de Pavie.
  3. Toujours d’après les Annales royales (2e rédaction) reproduites presque mot pour mot : « Desiderium regem… fugavit Ticenoque inclusum obsedit, etc… Fatigatam longa obsidione civitatem ad deditionem compulit… Adalgis filius ejus (Desiderii), in quo Langobardi multum spei habere videbantur, desperatis patriae rebus, relicta Italia, etc. » (ann. 773 et 774, éd. Kurze, p. 37 et 39).
  4. Ces nouveaux détails ont été encore fournis à Éginhard par les Annales royales (2e rédaction), qui notent le couronnement de Pépin sous l’année 781 et où l’on lit, sous l’année 776, l’annonce de la révolte du duc Rodgaud : « Regi… nuntiatur Hruodgaudum, quem ipse Forojuliensibus ducem dederat, in Italia res novas moliri… Ad quos motus comprimendos, etc. » (éd. Kurze, p. 43). Éginhard semble faire fi de la chronologie afin d’accentuer le contraste entre l’œuvre de Charlemagne et celle de son père.