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GUERRE D’AQUITAINE

du vivant de son frère, dont il sollicita même le concours ; et quoique ce dernier ne lui eût point apporté l’aide promise, il poursuivit l’expédition vigoureusement et sans relâche, se refusant à abandonner à aucun moment l’entreprise avant de l’avoir par son inlassable persévérance menée à bonne fin. Hunold, qui, après la mort de Waïfre, avait tenté d’occuper l’Aquitaine et de rallumer la guerre déjà presque achevée, fut contraint de quitter le pays et de gagner la Gascogne ; décidé à ne pas l’y laisser séjourner, il franchit la Garonne et manda au duc des Gascons, Loup, d’avoir à lui livrer le transfuge, le menaçant de la guerre au cas où il ne s’exécuterait pas rapidement. Cette menace suffit : Loup, revenu à de meilleurs sentiments, non seulement livra Hunold, mais se soumit, ainsi que la province qu’il gouvernait, à l’autorité du roi franc[1].

[6.] Les affaires d’Aquitaine réglées, cette guerre finie et son associé au trône ayant quitté ce monde, Charles entreprit, à la demande et sur les instances de l’évêque de Rome Hadrien, une guerre contre les Lombards[2].

Déjà son père[3], sur les supplications du pape Étienne, s’était attaqué à eux, non sans avoir à surmonter de grosses difficultés, quelques-uns des chefs francs qu’il avait l’habitude de consulter s’étant élevés si vivement contre son projet qu’ils lui avaient même ouvertement signifié leur intention

  1. Tout ce récit procède des Annales royales (2e rédaction, ann. 769, éd. Kurze, p. 29 et 31), dont nous nous bornons à transcrire quelques passages caractéristiques : « Hunoldus quidam… animos ad nova molienda concitavit. Contra quem… rex Karlus cum exercitu profectus est. Sed cum fratris auxilium habere non posset… Hunoldum persequitur… Sed ille…, dimissa Aquitania, Wasconiam petiit. Erat tune Wasconum dux Lupus… Ad quem rex missa legatione, jubet sibi perfugam reddi, ea conditione mandata, si dicto audiens sibi non fuisset, sciret se bello Wasconiam ingressurum… Lupus, minis regis perterritus, Hunoldum… sine cunctatione reddidit, se quoque quaecumque imperarentur facturum spopondit. » — Éginhard force d’ailleurs le sens de ce texte, qui parle seulement, et à bon droit, d’une promesse vague de docilité — qui ne devait pas être respectée longtemps : on le vit à Roncevaux.
  2. D’après les Annales royales, 2e rédaction, ann. 773 (éd. Kurze, p. 35).
  3. Ce qui suit procède du même texte, années 755 et 756 (éd. Kurze, p. 13 et 15) ; mais Éginhard a fait subir au récit de l’annaliste d’audacieuses transformations, afin d’exagérer le caractère facile et précaire des succès obtenus par Pépin.