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PROLOGUE

dehors de ses hauts faits, rien n’y est de nature à étonner le lecteur, sinon peut-être l’audace d’un barbare qui, à peine initié au maniement de la phrase latine, a cru cependant pouvoir écrire de façon décente ou convenable en cette langue et qui a poussé l’impudence jusqu’à mépriser ce précepte de Cicéron, au premier livre de ses Tusculanes[1], où, parlant des auteurs latins, il s’exprime en ces termes : « Consigner par écrit ses pensées quand on est incapable de les ordonner, de les mettre en valeur et de procurer le moindre agrément au lecteur est le fait d’un homme qui abuse sans mesure de ses loisirs et des lettres. » Ce précepte du célèbre orateur aurait pu me détourner d’écrire si je n’avais résolu de risquer ma réputation en soumettant cet essai au jugement du public, plutôt que de taire l’histoire d’un si grand homme afin de la ménager.



  1. Tusculan., I, iii, 6.