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XVI
LES MANUSCRITS

tissant ou sautant des mots, en corrigeant l’orthographe et commettant sans cesse de telles bévues, qu’il est parfaitement inutile, en règle générale, de s’encombrer de ses leçons. Nous avons cru bon néanmoins de nous reporter, faute de mieux, à son travail et d’en relever les principales variantes pour les quelques passages où A¹ nous faisait défaut, afin d’avoir d’un bout à l’autre un témoin de la classe A.

2. Classe B. — Les manuscrits de la classe B dérivent tous d’une copie faite pour le compte de l’empereur Louis le Pieux (814-840) par son bibliothécaire Gerward, dont ils reproduisent en finissant une courte dédicace en vers[1]. Ils sont caractérisés, en outre, par plusieurs omissions dont la plus notable est celle du nom de Roland dans la liste des chefs francs tombés à Roncevaux (§ 9).

Le manuscrit original de Gerward a malheureusement disparu et nous n’en connaissons plus que de mauvaises transcriptions, exécutées avec une telle négligence et déparées par de tels lapsus qu’on n’en doit user qu’avec une extrême prudence. Il y a intérêt cependant à se reporter aux plus anciennes d’entre elles, car on y retrouve de-ci de-là quelques leçons qui viennent utilement confirmer celles des autres manuscrits. Nous en avons ici retenu deux de la fin du ixe siècle ou du début du xe : celle du manuscrit 360 de la Bibliothèque universitaire de Montpellier (B¹) et celle du manuscrit 473 de la Bibliothèque nationale de Vienne, en Autriche (B²).

  1. En voici le texte :

    Hos tibi versiculos ad laudem, maxime princeps,
    Edidit aeternam memoriamque tuam
    Gerwardus supplex famulus, qui mente benigna
    Egregium extollit nomen ad astra tuum.
    Hanc prudens gestam noris tu scribere, lector,
    Einhardum magni magnificum Karoli.