Page:Éginhard - Vie de Charlemagne, trad. Halphen, 1923.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XIV
LES MANUSCRITS

déjà identifié quelque quatre-vingts manuscrits, et il y a toutes raisons de penser que la liste n’est pas close.

Établir par le menu les rapports de parenté de ces divers manuscrits, en dresser la « généalogie » serait une tâche immense et sans doute stérile. Il suffit d’examiner de près les variantes des dernières éditions parues en Allemagne pour se convaincre qu’on alourdit sans aucun bénéfice l’ « appareil critique » si l’on ne prend pas résolument le parti de s’en tenir à un très petit groupe de copies anciennes, assez proches encore de l’original pour aider à le reconstituer et assez différentes néanmoins les unes des autres pour qu’on soit fondé à y reconnaître plusieurs traditions distinctes. C’est ce qui nous a amené à ne recourir, pour notre part, qu’à cinq copies des ixe-xe siècles, représentant à elles cinq avec netteté les trois grandes classes entre lesquelles paraissent dans l’ensemble, et sous réserve d’assez nombreuses « contaminations », se répartir tous les manuscrits connus de la Vie de Charlemagne.

Voici la liste et le signalement sommaire de ces copies, que nous désignons par les mêmes lettres, sinon par les mêmes numéros, que dans les dernières éditions, afin de ne pas trop dérouter les érudits qui seraient tentés de procéder à des comparaisons :

1. Classe A. — Nous appellerons A¹ la copie du manuscrit 510 de la Bibliothèque nationale de Vienne (Autriche)[1], recueil composé essentiellement des deux morceaux sui-

  1. La direction de la Bibliothèque nationale de Vienne a bien voulu autoriser l’envoi de ce précieux manuscrit, ainsi que du suivant et de celui que nous appellerons B², à la Bibliothèque universitaire de Bordeaux, où nous avons pu les consulter à loisir. Nous tenons à en exprimer toute notre reconnaissance au conservateur, M. Smitel, à l’obligeante entremise duquel nous sommes redevable de cette faveur.