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XI
SOURCES DE LA VIE DE CHARLEMAGNE

et les dernières pages sont d’habitude réservées aux présages annonciateurs de sa mort, à sa mort même, à ses funérailles et, s’il y a lieu, à son testament. Tel est, à de menues variantes près, le plan de toutes les biographies de Suétone — plan dont la monotonie est encore soulignée par le manque de variété de l’expression et la sécheresse de l’exposé. Éginhard n’a pas eu de peine à s’en pénétrer ; et il l’a suivi si fidèlement, il a repris en outre, à son tour, avec une telle servilité les expressions familières à l’historien latin que sa Vie de Charlemagne apparaît souvent plus comme la treizième « vie des Césars » que comme une œuvre originale.

Dans le cadre emprunté à Suétone et qui ne comportait pas de longs développements, Éginhard s’est souvent borné à résumer les notions qu’il avait pu glaner dans les ouvrages historiques où les faits les plus importants du règne de Charlemagne et de ses prédécesseurs immédiats avaient été consignés.

Les Annales royales, dont la rédaction se poursuivait au temps de Louis le Pieux et probablement sous l’inspiration de la cour elle-même, devaient être et furent en effet sa principale mine de renseignements. Il les a connues à la fois en leur forme primitive et en leur forme définitive, mais a puisé de préférence dans la seconde version, plus complète et en meilleur latin que l’autre[1]. C’est de là qu’il a tiré à peu

  1. En attendant que nous puissions donner dans cette collection une nouvelle édition de ce texte capital, il faut consulter celle de F. Kurze, Annales regni Francorum inde ab a. 741 usque ad a. 829 (Hanovre, 1895, in-8o, collection des Scriptores rerum Germanicarum in usum scholarum) ; mais il faut se rappeler que, dans la pensée que la Vie de Charlemagne était originale, Kurze a partout considéré comme en dérivant le texte de la version définitive des Annales. Sur le détail des rapports qui unissent ces deux œuvres, voir Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 78-81.