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SOURCES DE LA VIE DE CHARLEMAGNE

nous allons constater avec quelle négligence et quelle légèreté il a lu et utilisé les documents, beaucoup plus nombreux et plus précis qu’il ne l’insinue dans sa préface, qui se trouvaient à sa disposition.

3. Méthode de travail d’Éginhard et sources de son œuvre. — Éginhard a beaucoup lu en effet, et ses lectures lui ont fourni aussi bien le cadre de son œuvre qu’une grande partie de ses matériaux.

Le cadre a été emprunté aux Vies des douze Césars de Suétone[1], et plus particulièrement à la biographie d’Auguste, dont le souvenir avait été si souvent évoqué à la cour de Charlemagne depuis la fin du viiie siècle. Les Vies des Césars sont toutes plus ou moins bâties sur le même type : elles débutent par quelques pages touchant la famille du personnage que l’historien latin met en scène ; puis vient le récit de sa naissance, de ses premières années et de son adolescence ; après quoi, nous passons à l’étude de sa vie officielle et notamment de son rôle militaire et de sa politique étrangère ; un ou plusieurs chapitres sont toujours réservés aux travaux publics ou aux œuvres d’embellissement qu’on lui doit ; ensuite le biographe s’étend avec complaisance sur sa vie de famille : mariages, enfants, rapports avec ses proches et subsidiairement avec ses amis ; quelques lignes au moins sont régulièrement consacrées à un portrait physique, accompagné, en général, de détails sur la façon dont le « César » avait accoutumé de se vêtir, de se nourrir, d’employer son temps et souvent de dormir ; il est bien rare qu’il ne soit rien dit de sa culture intellectuelle et du caractère de son éloquence ; il est souvent question de ses croyances et pratiques religieuses ;

  1. Nous suivons la grande édition de M. Ihm, C. Suetoni Tranquilli de Vita Caesarum libri VIII (Leipzig, 1907, in-8o), et son édition abrégée dans la collection Teubner (Leipzig, 1908, in-16).