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VIII
DATE DE COMPOSITION

lemagne, sinon le catalogue tout entier, est sensiblement postérieure à 821, sans doute même à la mort de notre auteur[1].

Faute de mieux, on a tenté aussi de tirer argument d’une note qui se lit dans les Annales royales sous l’année 824 et où se retrouvent, à propos du massacre d’un détachement de troupes franques dans les Pyrénées, quelques expressions qui rappellent le fameux passage de la Vie de Charlemagne sur la déroute de Roncevaux. — La coïncidence est significative en effet ; mais l’argument pourrait être sans peine retourné[2].

En fait, c’est entre 830 et 836 que l’œuvre d’Éginhard est citée pour la première fois de façon certaine dans une lettre de Loup, le futur abbé de Ferrières, qui venait d’en prendre connaissance — très peu de temps, semble-t-il, après sa publication. Elle aurait donc été composée durant la studieuse retraite de l’auteur à Seligenstadt, à un moment où, plus que jamais, il pouvait lui paraître opportun de proposer la biographie du vieux roi franc en exemple à ses contemporains, de leur rappeler, entre autres, avec quel soin Charlemagne s’était appliqué à faire régner l’esprit de concorde dans sa famille, à réaliser l’unité impériale par l’unité

  1. On a des raisons de supposer que l’exemplaire relevé dans le catalogue est celui-là même que l’abbé de Reichenau Walahfrid Strabon préfaça entre 840 et 849 et que nous signalons plus loin. Voir nos Études critiques sur l’histoire de Charlemagne (p. 100), qu’il y aurait lieu cependant de compléter aujourd’hui en tenant compte de la nouvelle édition que M. Paul Lehmann a donnée durant la guerre du catalogue de la bibliothèque de Reichenau au tome Ier des Mittelalterliche Bibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, publiés par l’Académie des sciences de Bavière (Munich, 1918, in-8o), p. 240-252. M. Lehmann croit devoir maintenir à tout le catalogue la date de 821 ou 821-822. Mais les raisons qu’il produit nous semblent peu convaincantes.
  2. Cf. Études critiques sur l’hist. de Charlemagne, p. 100-101.