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VI
L’AUTEUR

qui a quitté Aix pour finir ses jours dans la retraite, engage Charles par deux fois à recourir au jeune Éginhard, soit pour l’explication des auteurs latins, soit pour la solution des problèmes d’arithmétique auxquels il s’est attaqué.

À cette époque, Éginhard ne connaît cependant pas encore la brillante destinée de quelques-uns de ses condisciples, auxquels le prince franc distribue abbayes et évêchés. En 806, Charles l’envoie à Rome porter au pape un exemplaire de l’acte par lequel il vient de régler le partage de ses États entre ses enfants ; mais cette mission n’a pas de lendemain. Éginhard, qui approche de la quarantaine, reste jusqu’en 814 confondu dans les rangs du personnel de la maison impériale.

C’est de l’avènement de Louis le Pieux seulement que date sa fortune politique. Du même âge à peu près que le successeur de Charlemagne, jadis son compagnon d’études à l’école du palais, il est tout de suite bien en cour : les riches prébendes, qui lui ont été refusées sous le règne précédent, s’accumulent aussitôt entre ses mains grâce à la générosité du nouveau maître, dont il devient le secrétaire particulier et qui lui confie, en outre, dès 817 la charge, délicate entre toutes, de guider les débuts de son fils aîné Lothaire, associé cette année même au trône impérial.

Dès lors, Éginhard est un personnage ; il touche de près au gouvernement et joue à certaines heures un rôle de premier plan, jusqu’au jour où, le conflit qui a surgi en 828 entre l’empereur et ses fils prenant une tournure inquiétante, le souci de sa tranquillité et de sa sécurité l’amène soudain à se retirer de la scène politique et à se découvrir un goût prononcé pour la vie de recueillement et de dévotion qui l’attend dans sa chère et calme retraite de Seligenstadt. C’est là que la mort le surprendra le 14 mars 840.

Notre biographe a donc connu et approché Charlemagne