tous les plaisirs nous diminue ou même nous empêche d’apercevoir aucunement leur grandeur.
— As-tu vu la tête qu’il a fait quand il s’est aperçu qu’elle n’était pas là ? dit M. Verdurin à sa femme, je crois qu’on peut dire qu’il est pincé !
— La tête qu’il a fait ? demanda avec violence le docteur Cottard qui, étant allé un instant voir un malade, revenait chercher sa femme et ne savait pas de qui on parlait.
— Comment, vous n’avez pas rencontré devant la porte le plus beau des Swann…
— Non. M. Swann est venu ?
— Oh ! un instant seulement. Nous avons eu un Swann très agité, très nerveux. Vous comprenez, Odette était partie.
— Vous voulez dire qu’elle est du dernier bien avec lui, qu’elle lui a fait voir l’heure du berger, dit le docteur, expérimentant avec prudence le sens de ces expressions.
— Mais non, il n’y a absolument rien, et entre nous, je trouve qu’elle a bien tort et qu’elle se conduit comme une fameuse cruche, qu’elle est du reste.
— Ta, ta, ta, dit M. Verdurin, qu’est-ce que tu en sais qu’il n’y a rien ! nous n’avons pas été y voir, n’est-ce pas ?
— À moi, elle me l’aurait dit, répliqua fièrement Mme Verdurin. Je vous dis qu’elle me raconte toutes ses petites affaires ! Comme elle n’a plus personne en ce moment, je lui ai dit qu’elle devrait coucher avec lui. Elle prétend qu’elle ne peut pas, qu’elle a bien eu un fort béguin pour lui, mais qu’il est timide avec elle, que cela l’intimide à son tour, et puis qu’elle ne l’aime pas de cette manière-là, que c’est un être idéal, qu’elle a peur de déflorer le sentiment qu’elle a pour lui, est-ce que je sais, moi ? Ce serait pourtant absolument ce qu’il lui faut.