Pénurie du trésor en Grèce

GRÈCE.Pénurie du trésor. — Les mesures prises par le gouvernement grec décèlent l’extrême pénurie du trésor public. Les droits de douane viennent de recevoir une augmentation qu’on peut appeler immense pour le commerce : les marchandises étrangères, outre la taxe de dix pour cent à laquelle elles étaient imposées jusqu’à présent à leur arrivée en Grèce, et qui était calculée sur le prix courant de la place, paieront désormais six pour cent en sus, lorsqu’elles devront être expédiées ailleurs, de manière que toute marchandise, pour peu qu’elle ait en Grèce un mouvement de circulation, se trouve à présent grevée d’un droit de seize pour cent. C’est le dernier coup que le gouvernement réservait au commerce de ce pays, déjà si languissant, que toute spéculation y est devenue à peu près impossible.

En raison des besoins urgens du trésor, le gouvernement se dispose à vendre les dîmes des provinces pour l’année prochaine. On conçoit aisément que, vu l’état provisoire des choses, et l’intervalle de temps qui devra s’écouler avant que les adjudicataires de cette ferme de l’impôt foncier puissent rentrer dans leurs avances, cette adjudication ne pourra certainement s’effectuer qu’à des conditions ruineuses pour le trésor.

Mais les droits exagérés ne sont pas le seul impôt qui pèse sur le commerce, et paralyse son action. La monnaie est elle-même une entrave continuelle aux transactions commerciales. Le président, qui exige que tous les mouvemens de la société qu’il dirige portent l’empreinte de ses volontés, et que les usages, les besoins, les intérêts disparaissent devant cette toute-puissance, ordonne de se servir exclusivement dans tous les comptoirs, de la monnaie qu’il a créée (le phénix). Cette monnaie a presque entièrement disparu, on n’en voit plus que peu ou point dans le commerce. Toute la circulation se compose de quelques monnaies très-mal frappées, en mauvais cuivre, de 5 et 10 paras l’une.