Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Plectrophane des neiges — L’Oiseau Blanc


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 226-228).

LE PLECTROPHANE DES NEIGES. — L’OISEAU BLANC.[1]
(Snow Bunting.)


L’Oiseau blanc ou Bruant des Neiges est répandu dans tout l’hémisphère nord du globe. Non seulement il habite la Sibérie, la Norvège, le Groenland, mais même les climats inhospitaliers du Spitzberg, où il n’y a presque pas d’autre végétation que des plantes cryptogames. On s’étonne de voir un oiseau granivore partout ailleurs, trouvant moyen de subsister dans ces régions de glace. Au rapport de Pennaut, ces Plectrophanes ne couvent pas à la Baie d’Hudson ; mais il paraît probable qu’ils se rendent jusqu’au Spitzberg pour y faire la ponte : le Groenland, dit-il, est l’endroit où ils nichent parmi les rochers[2] ; l’extérieur du nid est fait d’herbes ; l’intérieur de plumes et la doublure, du poil soyeux du renard arctique. Les œufs sont blancs, au nombre de cinq, tachetés de brun ; ces oiseaux chantent agréablement dans la saison des amours.[3] Le seul chant qu’ils font entendre en nos climats est une note courte et souvent répétée preete preete lorsqu’ils volent. Ils fréquentent par tourbillons les Highlands de l’Écosse, l’Angleterre, la France, l’Allemagne. Ils se montrent en Canada en novembre, s’abattent dans les chaumes, sur les battures et les grèves. On ne les voit que rarement en janvier et février ; mais ils reparaissent pendant les beaux jours de mars et avril. Les fils de nos cultivateurs, alors, avec des lacets ou lignettes de crin de cheval, les capturent en grand nombre avec de la balle (restes d’avoine) près des granges et dans les endroits où la neige a d’abord disparu : l’Isle d’Orléans, comté de Québec, a coutume d’en fournir beaucoup à nos marchés ; ils sont également nombreux autour de Montréal. En décembre, en janvier et en février, leur apparition est un présage de froid, dit-on. L’Oiseau blanc se nourrit surtout des graines de certaines plantes aquatiques, de petits mollusques, ce qui explique pourquoi on les rencontre sur les rivages des fleuves du nord. En mai, il ne reste pas un seul individu de cette espèce en nos climats. L’Oiseau blanc, car nous aimons à lui conserver son nom canadien, est loin d’être blanc : quelques individus sont beaucoup plus blancs que les autres.

« Il a la tête, le cou, les tectrices alaires, la moitié supérieure des rémiges et des subcaudales, le dessous du corps et de la queue d’un blanc pur ; le dos, les scapulaires et la moitié inférieure des rémiges d’un noir profond, ainsi que les deux rectrices médianes. »

Leurs pieds ressemblent à ceux des alouettes, avec lesquelles ils ont d’autres rapports de similitude. Pendant l’hiver, leur plumage devient beaucoup plus blanc. On prétend même en avoir rencontré entièrement blancs, mais leur tenue varie tellement qu’il est rare d’en voir deux parfaitement semblables. Ils se mêlent le printemps aux bandes d’Ortolans (alouettes de Virginie) dans les champs et se perchent quelquefois en peloton épais, à la cime des grands arbres au milieu des terres labourées, mais les Ortolans ne s’y perchent pas. Ils supportent fort bien la captivité ; leur plumage l’été change et devient gris.

Longueur totale, 7 ; envergure, 13.


  1. No. 325. — Plectrophanes nivalis. — Baird.
    Plectrophanes nivalis.Audubon.
  2. Audubon dit qu’il en couve au Vermont et au Massachusetts — on ne les rencontre pas au delà du Kentucky.
  3. Le Maout.