Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Pie-Grièche boreal — Le Grand Écorcheur


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 222-223).

LA PIE-GRIÈCHE BORÉALE. — LE GRAND ÉCORCHEUR.[1]
(Great Northern Shrike.)


Cet oiseau que les Anglais appellent aussi Butcher Bird, séjourne en Canada vers la fin de l’hiver et dans le sud des États-Unis, pendant l’été.

D’un naturel fier et courageux, les Pies-Grièches se battent avec avantage contre les Corneilles, les Crécerelles et les Éperviers. Elles attrapent au vol les petits oiseaux qu’elles empalent ensuite sur des épines, pour les déchirer en lambeaux et les manger à loisir. On les voit souvent perchées à la cime d’un arbre ou à l’extrémité des branches les plus hautes des buissons : cette position est nécessaire à des animaux qui volent avec difficulté, afin de ne rencontrer aucun obstacle pour s’élever au-dessus de la proie qu’ils ne peuvent prendre en l’air, et pour la forcer de cette manière à s’abattre à terre, où ils la saisissent, la déchirent et la mangent. Les Pies-Grièches font leur nid sur les arbres ou dans les grands buissons, et préfèrent ceux qui sont très épineux. Leur ponte est de cinq à six œufs avec des taches roussâtres au gros bout. Les petits naissent sans duvet ; les père et mère ont beaucoup d’attachement pour eux, les soignent longtemps après qu’ils ont quitté leur berceau, vivent et chassent avec eux jusqu’au printemps suivant. Les Pies-Grièches se nourrissent aussi de sauterelles et de petits insectes.

En dépeçant un petit oiseau, la cervelle est la partie la plus convoitée. Loin d’empaler les insectes comme appas pour attirer les petits oiseaux, elles n’agissent de la sorte que par précaution et pour les emmagasiner pour le besoin.

La Pie-Grièche a le bec couleur de corne à sa base, édenté et noir dans le reste ; l’iris gris ; les yeux entourés d’une tache blanche, qui s’étend en arrière ; les plumes des oreilles noirâtres ; la tête, le dessous du corps d’un gris de souris : cette teinte est plus claire, nuancée de roux, et coupée par des lignes transversales, noirâtres sur les parties inférieures ; les plumes scapulaires sont grises ; les couvertures supérieures des ailes noires dans le milieu, et bordées de roux du côté du dos ; les pennes noires, ainsi que la queue, laquelle est cunéiforme et se compose de douze plumes ; mais cette couleur ne couvre totalement que les deux pennes intermédiaires de celle-ci ; les autres ont plus ou moins de blanc vers leur extrémité ; les pieds sont noirs. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le dos couleur de rouille ; elle est moindre en volume que le mâle.

Longueur, 10-2l12 ; envergure, 13-2l12.


  1. No. 236. — Collyrio borealis. — Baird.
    Lanius borealis.Audubon.