Ornithologie du Canada, 1ère partie/L’Hirondelle bleue


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 146-147).

L’HIRONDELLE BLEUE.[1]
(Purple Martin.)


L’Hirondelle bleue habite l’Amérique depuis le Mexique jusqu’à la Baie d’Hudson. Cet oiseau aime l’habitation de l’homme : il n’est pas rare de voir des loges préparées pour recevoir le favori et l’ami des cultivateurs, avec les mêmes frais que nous construisons en d’autres lieux des colombiers pour les pigeons domestiques. Parmi les navigateurs des airs, l’Hirondelle bleue prend un rang distingué. Ses grandes ailes l’adaptent spécialement à de longs voyages ; ses pieds sont courts ; la tête et le corps sont aplatis afin de présenter moins de résistance. Cet oiseau est aussi commun à Québec maintenant qu’il l’était au temps où Alexandre Wilson l’y observa. Le Martinet bleu fait entendre son bruyant ramage dès l’aube ; sa fidélité conjugale est bien constatée : il se perche sur le bord du nid et charme sa compagne pendant les longues heures de l’incubation. Cet oiseau, à l’instar du Titiri, fait une guerre acharnée aux Corneilles et aux Oiseaux de Proie : sentinelles vigilantes de la basse-cour, elles se ruent par milliers dès qu’ils se montrent ; les volailles entendant leur note d’alarme s’enfuient en toute hâte, et l’agresseur cherche son salut dans la fuite. Elles diffèrent des autres Hirondelles par leur nourriture qui se compose de guêpes, de taons, de gros insectes volants, ainsi que par la grâce de leurs mouvements dans les airs. Elles planeront dans la nue, ou bien, rapides comme la pensée, elles raseront le sol, et feront mille évolutions dans les rues de nos villes, sans aucun effort d’aile.

Quand cette espèce ne trouve point un asile préparé pour y construire son nid, elle l’attache sous une corniche de brique ou de pierre et lui donne la forme de celui de l’Hirondelle de fenêtres. À la Baie d’Hudson, où elle ne peut se procurer les mêmes commodités qu’ici, elle niche près des rivières dans des fentes de rocher. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blancs et tachetés de brun.

L’Hirondelle bleue fait entendre, surtout quand elle vole, un ramage sonore et mélodieux. Elle se pose quelquefois à terre et elle marche avec plus d’aisance que les autres, sans doute parce qu’elle a les pieds plus longs à proportion ; elle se perche souvent sur les clôtures de bois et sur les branches sèches qui sont à la cime des arbres. Le plumage du mâle est généralement d’un beau noir qui jette, selon l’incidence de la lumière, des reflets bleus, pourpres et violets ; ces reflets ont plus d’éclat sur les parties supérieures et sur la gorge que partout ailleurs ; les ailes, la queue, le bec et les pieds sont d’un noir mat. Dimensions, 7 × 16. La femelle mesure presqu’autant ; elle a le front, la gorge, le cou et la poitrine gris et variés d’une nuance plus foncée ; le reste de la tête, le dos, le croupion et les petites couvertures des ailes noirâtres, avec des reflets d’un bleu terne ; le ventre d’un gris blanc, faiblement tacheté de gris sombre. Les jeunes lui ressemblent, mais les couleurs sont plus sales.



  1. No. 231. — Progne purpurea. — Baird.
    Progne purpurea. — Audubon.