Orgueil n’est pas amour-propre

Magasin d’Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901
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ORGUEIL N’EST PAS AMOUR-PROPRE



Je crois que tout le monde aime le mois de mai, car, très près encore de l’hiver, il semble vouloir faire oublier les tristes jours passés, en apportant dans son manteau fleuri toutes sortes de douces promesses, et, en attendant leur réalisation, il nous comble de rayons brillants, d’air tiède et limpide, et de mille choses délicieuses appréciées de tous : l’enfant et le vieillard, le riche et le pauvre, participent à cette divine distribution. J’ai une raison toute particulière d’apprécier le quatrième jour de ce mois béni ; cette date commence pour moi une année nouvelle, et cette agréable journée m’a comblé, lorsque j’étais petit, d’une armée de jouets et d’une provision de friandises. Maintenant que je suis sorti de la période « polichinelle et sucre d’orge », mon anniversaire de naissance m’apporte généralement des livres souhaités ou des objets ambitionnés depuis longtemps.

Mais il faut, avant de continuer, que je vous donne, sur mon caractère, mes nombreux défauts et mes quelques qualités, un éclaircissement indispensable.

Des qualités, mon Dieu ! nous en avons tous ; la grande difficulté est qu’elles restent ce qu’elles sont, et que leur excès même n’entraîne pas un défaut, ces vilains traîtres profitant de la moindre occasion pour se glisser partout. Cela semble singulier ; rien n’est plus réel pourtant ; vous allez voir.

L’amour-propre est une qualité ; qui n’est de cet avis ? C’est grâce à ce louable sentiment que nous aimons à être premiers en histoire, par exemple, et que nous travaillons ferme pour atteindre ce but.

Je ne sais si la chose vous est facile ; quant à moi, cela n’allait pas tout seul, oh ! non ; mon bon vouloir et ma folle imagination se livraient un combat acharné, cette dernière faisant miroiter une envolée de distractions tout à fait étrangères à la moindre étude sérieuse.

Ainsi, au beau milieu du règne de Louis IX, au récit de ce roi rendant la justice sous un chêne, la vagabonde m’emmenait au loin, et, à mon insu, un autre arbre, qui n’avait rien de commun avec celui du pieux monarque, me rappelait l’amusant déjeuner fait le dimanche précédent sous son épais ombrage.

Quel débat ne me fallait-il pas soutenir alors contre cette imagination… buissonnière !

Malheureusement, personne n’est parfait, surtout un garçon de quinze ans ; et, par une pente rapide, mais insaisissable, cet amour-propre devenait un sentiment très exagéré de ma supériorité, en un mot, une affreuse vanité.

On ne s’imagine pas à quel point ces deux sentiments sont frères : Abel et Caïn !

Et me voici amené à confesser la forme singulière que revêtait mon mauvais penchant.

Il me semblait « absurde » qu’un garçon de mon âge ne put voler de ses ailes nouvelles, ni même aller au lycée sans être surveillé. Quoique bien gâté, je n’avais jamais rien obtenu, ma mère surtout n’ayant pas voulu lever le fatal veto. Je partais le matin avec mon père, qui se rendait à ses affaires, et me voyais « cueilli » à l’arrivée du train par la voiture des petits, que je comparais non sans désespoir à une voiture cellulaire.

Patauger dans la boue, l’hiver ; être grillé par le soleil, l’été ; mais pouvoir circuler au milieu des voitures, seul, comme ces hommes affairés qui couraient de tous côtés ! Voilà ce que j’ambitionnais.

Quant à nos promenades du dimanche, qui étaient une de mes plus grandes distractions, elles se faisaient en voiture souvent, à cheval quelquefois, mais toujours en famille ; je n’étais guère à plaindre. Eh bien ! j’aurais cédé ma place, mille fois, pour courir librement comme ces enfants que nous croisions.

Être son maître, son seul arbitre ! Voilà qui représentait pour moi le comble du bonheur !

Or, certain dimanche de mai, je ne m’arrêtai pas à ces réflexions, pleines de philosophie, car cette mémorable journée devait donner entière satisfaction à mon orgueil (ne lisez pas amour-propre), en réalisant mon rêve le plus cher.

Un frère parmi vous me comprendra-t-il ? Avoir une bicyclette et sortir enfin seul ! Qu’elle était jolie ma légère machine ! avec ses fins rayons et ses pneux gonflés ! Plus heureux que la « Fortune » qui s’aventure à travers le monde sur une seule roue, un épais bandeau la rendant aveugle, je pourrais, comme elle, courir, et je comptais sur mes deux yeux bien ouverts pour admirer davantage les pays lointains que j’allais traverser.

Tout de suite je lui donnai un nom, approprié s’il en fut : « Désirée », ce qui me semblait devoir exprimer clairement ma longue attente. Et ce n’était pas tout ; comme chacun sait à quel point il est difficile au cavalier, monter sur cette rapide machine, de suivre le train « de tortue » que mène une voiture, serait-elle lancée au galop (c’est du moins ce que je disais), j’avais obtenu la permission de faire seul mes premiers exploits en pleine campagne ; car, jusqu’ici, il m’avait fallu me contenter de la fastidieuse monotonie d’une piste. Inutile de dire mon bonheur !

Pourtant un certain trouble me prit en voyant, dans le tendre regard de ma mère, un peu de tristesse. Cette première sortie n’est-elle pas le début d’une existence nouvelle qui fera de l’enfant un homme que les circonstances éloigneront peut-être du cher nid familial ? Mais le jeune oiseau, qui, échappé du nid, saute de branche en branche, songe-t-il que l’hiver viendra ? Moi, j’étais pareil !

L’itinéraire fut arrêté et il me fallut promettre (encore la servitude !) de ne pas m’en écarter, promenade des plus agréables, du reste : la forêt, coupée par de très courtes plaines, et toujours une belle route, avec juste ce qu’il fallait de côtes à monter pour avoir le plaisir de redescendre ; au total une dizaine de kilomètres. Qu’est-ce en bicyclette !

Que le déjeuner me parut long ! Je n’y touchai guère à ce menu doublement soigné en mon honneur ! Puis il fallut attendre un peu ; et, quoique cette précaution hygiénique me contrariât fort, je chérissais encore plus ma chère maman pour ces preuves incessantes de tendresse, qui s’étendent sur l’enfance comme l’aile d’un ange gardien. Enfin ! la grille s’ouvre ! Est-ce dont la voiture familiale qui va sortir ? Non, mais bien un élégant « sportsman » en costume dégagé, qui s’élance à la conquête de la liberté.

Sur le perron, mes parents regardent mes exploits ; dans les yeux de maman il me semble bien voir quelque chose qui brille comme une larme ; mais je vais si vite ! peut-être me suis-je trompé ! Quant à Catherine et à Nicolas, qui m’ont vu naître et qui me considèrent comme un demi-dieu, c’est de l’extase.

Me voici dehors.

Non, jamais je n’oublierai le délicieux vertige que me causa le début de cette course folle. Je comprenais la joie de l’hirondelle qui va droit devant elle, avec, sans doute, l’impression exquise que je ressentais ; et (dans mon allégresse, j’étais indulgent) j’excusais presque l’orgueilleuse tentative d’Icare. Hum ! Icare ! en ce moment n’était-il pas un peu mon frère ? Espérons une fin moins tragique !

Pourtant, quelque raison me revint et m’avertit que, d’un train pareil, mes 10 kilomètres seraient parcourus en un instant. La chaleur, d’ailleurs, devenait très forte ; le mois de mai a souvent de ces journées dont la température rivalise avec celle de juillet ; et, malgré le sentiment tout nouveau qui m’enivrait, je ne pouvais rester indifférent à tout ce qui m’environnait. J’ai su, très jeune, voir les merveilleuses beautés que la nature offre à tout moment, en toute saison, à ceux qui l’aiment, et ces spectacles sans rivaux ont toujours fait une grande impression sur mon imagination d’enfant. La forêt m’entourait de son ombre légère. Les jardins, déjà, sont tout fouillés que les essences forestières, plus tardives, ne répandent encore qu’une sorte de grand voile, léger comme une gaze délicate.

Le soleil, en caressant ces innombrables bourgeons, répandait une lumière adoucie. Sous les futaies splendides, une demi-ombre pleine de mystères me rappelait (ceci est méritoire, je pense) un souvenir historique, et me reportait à ces cérémonies mystiques, où les Druides, en vêtements blancs, coupaient, à l’aide de leurs faucilles d’or, le gui sacré. Ces prêtres ont-ils promené ici leurs longues théories ? peut-être ; mais les chênes séculaires ne protègent plus, contre les rayons ardents, qu’une armée gambadante de lapins, et, si les feuilles accumulées par les automnes frémissent sous le passage d’un être vivant, ce n’est plus aujourd’hui que le pas furtif d’un chevreuil qui vient troubler cette paisible solitude.

Il se dégageait de cet endroit un charme si puissant, un calme si profond, que je décidai de m’y reposer. Couché au pied d’un arbre, et Désirée doucement appuyée à un jeune hêtre voisin, en face de moi, je détaillai une fois de plus avec complaisance sa légère et svelte silhouette ; je ne suis pas bien sûr que je ne lui parlai pas un peu, même ! N’était-ce pas pour l’instant ma seule compagne ? et la joie partagée ne semble-t-elle pas meilleure ?

Sur la route, des voitures passaient ; des bicyclistes aussi se suivaient, s’arrêtant parfois pour consulter une carte, ou simplement pour causer.

Pour la première fois, depuis mon heureux départ, je m’avisai que la solitude, au fond, n’a rien de bien séduisant. J’étais mon maître, j’agissais à ma guise, mais je n’aurais pas été fâché, c’est certain, de faire part à quelqu’un, plus capable de les comprendre que Désirée, de mes riantes pensées… Riantes ! étaient-elles si joyeuses, au fait, mes réflexions ? J’étais seul au milieu des grands bois, et, tout à coup, je songeai à la responsabilité qui m’incombait ; je m’aperçus alors combien la tendre prévoyance des parents, qui nous enveloppe sans que nous le comprenions bien, nous rend insouciants, et nous laisse pleinement jouir de l’heure présente… Voyons, voyons ! ma très jeune indépendance commencerait-elle à me peser ? Allons donc ! c’est plutôt l’effet de la chaleur, vraiment lourde, qui m’engourdit. Vite, en selle ! Une bonne course sur cette route unie qui se perd dans le vaporeux horizon, et semble faite à souhait pour un novice. Un kilomètre plus loin, environ, elle tourne brusquement à droite, et traverse, avant de rejoindre à nouveau la forêt, une petite plaine cultivée où les blés encore ras font l’effet d’un moelleux tapis d’Aubusson s’étendant au loin.

Là une vilaine surprise m’attendait : le ciel, si pur tout à l’heure, avait revêtu, du côté de l’ouest, une teinte noire ; le soleil commençait à pâlir visiblement, répandant sur toute la campagne une lumière blafarde, qui ne m’était que trop connue ; pas le moindre souffle n’agitait les grands poiriers fleuris dont l’immense bouquet se détachait tout blanc sur le fond tragique de l’horizon ; leurs fleurs épanouies communiquaient à l’air brûlant un violent parfum d’amande. Ayant toujours habité la campagne, je suis accoutumé à tous les phénomènes naturels ; je n’ai donc pas une crainte exagérée de l’orage ; pourtant la prudence me disait qu’il ne ferait pas bon courir la forêt dans quelques instants. Que de fois, au cours de nos promenades, pareille aventure ne nous avait-elle pas assaillis ; mais, quelle différence alors ! protégé par l’expérience des miens, cela m’était presque un plaisir que ces grosses ondées qui, brûlantes, tombaient en larges gouttes, et, s’amassant (l’union fait la force), se donnaient des airs de cascades des Alpes, en roulant de nos parapluies sur les coussins. On pressait un peu l’allure des chevaux ; et c’étaient des rires sans fin à chaque nouveau ruisseau qui, détourné de nos légers abris, se précipitait dans mon cou. Si la chose devenait plus sérieuse, la première ferme rencontrée nous servait d’asile. Alors, tandis que l’averse tombait, que le tonnerre et le vent faisaient rage, j’allais visiter l’étable, les écuries bien tenues, causant avec le garçon préposé au soin des bêtes, m’intéressant à cette bonne vie rustique et laborieuse, si différente de celle du travail des villes. Puis, l’ondée passée, nous repartions ; la campagne rafraîchie par la pluie bienfaisante embaumait ; les oiseaux, rendus silencieux pendant l’orage, reprenaient leurs chants ; la vie revenait plus intense que jamais.

Aujourd’hui il ne fallait songer à rien de tout cela. Je savais que je ne quitterais cette petite plaine que pour rentrer dans la forêt, où nulle habitation ne se rencontrait ; de plus, je ne pouvais attendre, songeant à l’affreuse inquiétude de ma mère, et au tourment de mon père, qui, la chose était probable, devaient se reprocher d’avoir autorisé pareille escapade. Aussi, loin de m’arrêter, mon allure augmentait sans cesse. Hélas ! dépasser l’orage, même à bicyclette ! quelle folie ! Déjà un roulement continu grondait au loin ; je filais. Où était le délicieux vertige ressenti au départ ! Une douloureuse oppression le remplaçait ; jamais l’orage ne m’avait paru si écrasant !

Jusqu’ici j’avais beaucoup plus de… peur que de mal. Hélas ! oui. Je dois l’avouer, je m’apercevais à mes dépens qu’il faut, avant de se lancer seul dans la vie, une expérience que je n’avais pas, et qui donne le sang-froid nécessaire pour faire face aux événements futiles ou graves. Encore cela n’était-il que le premier acte ; le second devait être plus mouvementé. Au moment où, quittant la plaine et me retrouvant en forêt, je m’élançais sur une pente assez rapide, à une allure vertigineuse, une rafale vint brutalement m’avertir qu’un pauvre gamin ne tient pas tête à l’orage, et que la rapidité de la course ne peut se soutenir contre un adversaire tel que le vent, qui ployait non seulement les arbustes frêles comme ma modeste personne, mais aussi les grands arbres qui s’élèvent au-dessus.

Je continuais, haletant, affolé, ne songeant à rien autre qu’à courir plus vite ; j’avais un poids sur la poitrine ; j’avançais malgré tout. Mais cela ne pouvait durer. Qu’arriva-t-il ? Une pierre devant moi ? Un mouvement nerveux sur mon guidon ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il qu’avant même de m’en apercevoir, je roulais dans un fossé, peu profond heureusement, en compagnie (triste société, hélas !) de la pauvre Désirée. Je n’y restai pas longtemps, dans ce fossé ; inutile de le dire. Mon premier soin fut de constater comment ma bicyclette avait supporté cette chute inattendue : rien ; pas un de ses fins rayons de faussé ; la trompe d’avertissement, non plus, n’était pas avariée, sa voix résonnait aussi claire. J’avais du bonheur de ce côté. Le cavalier, hélas ! n’en était pas quitte à si bon marché ; je n’avais aucun mal pourtant, l’accident ayant porté uniquement sur l’enveloppe… « artificielle » de ma personne. Chaque chose a un bon côté, c’est de toute évidence ; le fond du fossé, tapissé par une épaisse couche de boue, avait amorti ma dégringolade ; en revanche, mon joli costume neuf, si frais le matin… dame ! Comment vous y seriez-vous pris pour rouler dans un pareil cloaque sans emprunter à ce fond moelleux un… vernis supplémentaire ?

En ce moment, la pluie, redoublant d’intensité, se mit à m’envelopper comme d’un rideau liquide ; impossible, cette fois, d’avancer. Alors, assis sur le rebord du malencontreux précipice, je n’ose l’avouer (encore mon orgueil !), je me pris à pleurer comme un tout petit enfant, avec une conviction !

La position n’était pas bonne ; c’était mon excuse, et puis j’étais si seul !

Depuis combien de temps coulait de mes yeux ce fleuve mélancolique ? pas longtemps sans doute. Tout à coup, un roulement bien connu se mêla au grondement du tonnerre : quelle mélodie ! J’écoutai davantage ; non, je ne me trompais pas, et bientôt, au détour de la route, m’apparut la jolie tête de notre jument Keldie. Il ne me fallut pas longtemps pour être sur pied et sécher toute trace de mon récent émoi. Ma pauvre maman elle-même, ne redouta ni la pluie ni l’orage, bravant tout pour retrouver plus tôt son mauvais garnement de fils, était là. Il y eut, de la part des arrivants, un moment de stupeur. Était-ce bien le pimpant garçon, si élégant le matin, que ce pitoyable gamin, plus semblable à un ramoneur, qui restait là honteusement ? Mais l’heure n’était pas à la contemplation de cette bizarre métamorphose, à laquelle pour l’instant je ne songeais guère.

Jacques avait arrimé (c’est un ancien marin qui n’a jamais pu se défaire de son langage imagé) solidement Désirée sur le siège ; quant à moi, plus agile qu’un jeune singe, j’avais déjà grimpé près de maman, me pelotonnant près d’elle, au risque de lui faire amplement partager l’émail qui me recouvrait. Que lui importait ! puisque sous cette vilaine enveloppe elle retrouvait son fils, presque son bébé, qui, lorsqu’il était tout petit, la tête appuyée contre elle, se réchauffait et se consolait à son tendre regard. Le retour ne fut pas long, malgré la pluie serrée, et le vent, qui prétendait faire le plus de bruit, sans y arriver, le tonnerre formant toujours la basse.

Enfin, voici la maison, et, devant la porte, la bonne Kate qui, dehors malgré sa peur de l’orage, sourit quand même en apercevant l’enfant prodigue à peu près intact. Peut-être n’était-ce pas précisément la rentrée que j’aurais ambitionnée ; pourtant, l’idée de retrouver la douce sécurité et… mon confortable vêtement ordinaire, mettait sur mon pauvre orgueil blessé un baume délicieux.

Voilà de quelle façon j’opérai mes premiers pas dans l’indépendance.

De longtemps je ne recommençai une telle escapade, ma docile Désirée s’accommodant très bien, malgré tout, de l’allure paisible des chevaux. Depuis, je suis sorti seul souvent ; je me demande quel étrange attrait pouvait alors avoir pour moi cette perspective de promenade solitaire. Sans doute le prestige de l’éternel « fruit défendu ».

Pourquoi ces souvenirs, qui remontent déjà loin, se sont-ils présentés à ma mémoire aussi précis que si cette aventure datait d’hier ? C’est qu’hier encore je l’ai revue, la chère maison, quittée depuis longtemps. Sur le perron, garni du beau jasmin dont le parfum ne m’avait jamais paru plus suave, mon père m’attendait, très attendri, bien qu’il ne voulut pas le laisser voir ; ma mère, toute pâle de joie ; Kate même. L’absence avait été plus longue, et, cette fois, ce n’était plus le collégien transi qui revenait vers les siens, mais un grand garçon dont l’uniforme terni disait très haut l’année, un peu rude peut-être, consacrée à la seconde mère, à notre France.

Quand l’heure vint, pour moi, de quitter ma demeure et les miens, elle a été acceptée par tous sans regrets, presque avec respect, car il s’agissait alors de soutenir, en la servant vaillamment, notre belle et chère patrie, et, vraiment, lorsque, pour aider peut-être à la marche, se déployait le magique emblème, le drapeau, j’ai connu l’orgueil permis : celui qui fait battre le cœur d’une si douce façon.

J. Daigret.
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